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5 POURQUOI - Page 38

  • Milieu, centre et démocrates

    Au cours de la campagne, j'ai parfois eu à faire à des réactions violentes s'en prenant au positionnement du Modem. Petit Verbatim.

    • Un quidam : "Monsieur, je me suis longtemps demandé ce qu'était le centre en politique, mais ça y est, avec le Modem j'ai enfin trouvé : c'est comme au centre d'un disque 33 tours : il n'y a rien, il y a un trou".
    • Un militant UMP en train de tracter : "c'est vrai, faut choisir, on est de droite ou en est de gauche, au moins le PS c'est clair"
    • Une personne de droite (apparemment) : "Trois listes de droite, c'est honteux, c'est nul, vraiment Boulogne, c'est nul, nous on voudrait une droite unie"

      Et j'en passe et des meilleures.

    Je me suis donc demandé ce qui faisait que je ne croyais plus au bon vieux clivage gauche-droite, et que finalement, j'étais à la fois de droite (!), ni gauche ni-droite, voire dans un trou, au milieu...

    En 1981, j'avais alors 11 ans, dans ma tête, c'était simple si tant est que j'y comprenais quoi que ce soit :  la droite défendait les riches, la gauche les pauvres ; la droite incarnait le libéralisme, la gauche l'Etat bienfaisant. Que s'est-il passé depuis ? Beaucoup de choses :

    1. Il y a eu la chute du mur de Berlin, la fin du communisme, qui pèse moins de 5% aujourd'hui en France, et les débuts -timides malheureusement- de la mutation du PS vers une reconnaissance de l'économie libérale, matérialisée par la politique de Jospin qui s'il a pris quelques mesures de gauche (les 35h), a aussi privatisé...
    2. Et puis est arrivée l'Europe et la mondialisation : on a alors vu des parties de la gauche et de la droite respectivement pour / contre l'Europe et/ou la mondialisation. Les nationaliste/souverainistes, vs les universalistes/européens.
    3. Est arrivé aussi François Bayrou, qui a ajouté un message sur le fonctionnement de la démocratie, jugé insatisfaisant : politique, entreprises et médias pas assez indépendants, représentativité des différentes sensibilité insuffisante (car pas de proportionnelle aux élections)...
    4. Et après 20 ans de militantisme des Verts, une nouvelle dimension s'est finalement imposée à tous, même à droite : l'environnement, qui a imposé une vision à trois pôles, celle du développement durable, qui se représente parfois par trois cercles comme ci-dessous (que j'ai "politisé" même si c'est très caricatural)
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    Depuis 20 ans finalement, donc, alors que la distinction gauche-droite s'est amenuisée, de grands thèmes comme la globalisation, l'Europe, l'environnement et la démocratie sont montés en puissance. Lesquels de ces thèmes seront demain les plus "clivants" ?

    Je pense pour ma part que le plus clivant est celui de la démocratie, car il englobe les autres, et c'est d'ailleurs pour celà que j'adhère au Modem. Car que ce soit dans les entreprises, au niveau municipal, régional, national ou mondial, les mauvaises décisions sont souvent celles qui n'ont pas pris en compte suffisament d'avis ou ont été influencées voire motivées par des intérêts différents de l'intérêt collectif.

  • L'illusion de la voiture propre

    1065869243.jpgJ'ai eu récemment un débat avec un électeur Baguétiste sur le rôle de la voiture : pour lui LA solution, c'est d'enfouir le trafic, à l'image du projet proposé par l'UMP à Boulogne, à savoir l'enfouissement de la RD910. A l'entendre, les transports en commun, ce n'est pas pour lui. Le métro, va pour les autres, mais lui, il veut son confort : écouter des CD dans SA voiture, c'est sa liberté. Et pour résoudre les problèmes de pollution, une solution unique : la voiture propre !

    Il ignore en celà les autres nuisances du trafic routier : l'insécurité, les pertes de temps dans les bouchons, l'esthétique (ah la beauté d'un flux automobile devant chez soi)...

    1402076851.2.jpgEt au delà du côté très individualiste que révèle les propos de ce monsieur, il y a une limité théorique au nombre de voitures pouvant circuler simultanément dans une agglomération : cette limite, c'est la surface des routes : on ne peut pas multiplier à l'infini la surface routière au sein d'une agglomération, en tout cas pas à prix raisonnable, sans empiéter sur les habitations !

    Par conséquent, si la voiture propre est un axe de progrès à développer bien évidemment,  il est AUSSI indispensable d'agir pour inciter les particuliers:

    1. à moins se déplacer quand c'est possible, par exemple en développant le télétravail,
    2. à se déplacer à pied ou à vélo pour les courtes distance (dans une ville, la moitié du trafic est lié à de la courte distance)
    3. à prendre les transports en commun lorsque c'est possible pour les plus longue distances
    4. à ne prendre leur voiture que lorsqu'il y a nécessité (charges à transporter, mauvaise desserte par les transports en communs)

    A cet égard, enfouir une avenue sur une portion ne résoud rien, au contraire : celà risque d'inciter encore plus de gens à prendre leur voiture, ce qui est l'inverse de ce qu'il faut faire.

    Par ailleurs, il est nécessaire aussi de commencer -enfin- à gérer les flux logistiques d'approvisionnement de façon à les optimiser à l'échelle d'une ville, en mutualisant les flux grâce à des plateformes logistiques.

    En conclusion, espérer tout résoudre grâce à des voitures plus propres me semble illusoire : dire cela relève de la démagogie, il faudra demain changer nos habitude et notre relation à la voiture... A moins qu'une solution 100% weird et 100% écolo ne soit mise au point ?

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  • Pollution de l'air : tentative de synthèse

    2039977701.jpgOn parle beaucoup, depuis le Grenelle de l’Environnement, de la pollution de l’air liée aux effets du CO2 : compteurs carbone, taxe sur les automobiles… Mais si à l’échelle mondiale les variations du taux de CO2 dans l’air dues à l’Homme semblent être la principale cause du réchauffement climatique, à l’échelle locale ou régionale, d’autres polluants sont tout aussi nocifs et la situation à Boulogne-Billancourt, n’est pas la même qu’à l’échelle mondiale ou nationale.

    Voyons donc tout d’abord quels sont les principaux polluants et leurs effets, leurs origines en France, avant de voir le cas de Boulogne et quelques propositions.

    Quels sont les principaux polluants de l’air et leurs effets ?

     On distingue 3 catégories d'effet des polluants de l'air :

    1. Des effets de proximité
      • sur la santé, de la simple mauvaise odeur au cancer, en passant par la bronchite : ammoniaque (NH3), oxydes d'azote (NOx) et oxydes de soufre (SO2), composés organiques volatiles (COV), particules < 10um (PM10),
      • sur les bâtiments (salissures dues au particules PM10)
    2. Des effets à plus longue distance dues aux pluies acides (origine : ammoniaque NH3, oxydes d'azote NO2 et de soufre SO2),
      • destruction d'éco-systèmes (forêts, rivières)
      • destruction des bâtiments, notamment monuments historiques
    3. Des effets globaux : le réchauffement climatique causé par l’effet de serre (origine : CO2 principalement, mais aussi méthane) et le trou dans l’ozone stratosphérique (origine : les CFC, désormais interdits)

    J'ai tenté, de résumer les principales catégories de polluants et leurs effets dans un tableau de synthèse (source : citepa.org, cerea.enpc.fr).

    Les principales sources des polluants de l’air au niveau national

    On distingue deux catégories de sources : les sources naturelles (volcans...), et celles dues à l’activité humaine, dites « anthropiques », auxquelle on s'attache ici.

    Au niveau national (voir tableau) :

    1. Les principales sources anthropiques de CO2, cause principale du réchauffement climatique, sont : le transport routier 24%, le résidentiel (habitat et bureaux) 23%, l’industrie 21%,
      Le CO2 est aussi le seul dont les émissions n’ont pas baissé entre 1990 et 2005 (+1%), avec les HFC qui sont en fait les remplaçants des CFC, jadis principaux responsables du « trou d’ozone stratosphérique » et interdits depuis le protocole de Montréal.
    2. L’agriculture est principale source d’ammoniaque (97%), à l’origine de 53% des pluies acides,
    3. Les transports routiers sont la principale source (45%) d’oxydes d’azote (NOx)
    4. La transformation d’énergie est quant à elle la source principale (54%) de dioxyde de soufre (SO2)
    5. Pour les autres polluants, les causes sont diverses. Il faut donc réduire sur tous les fronts ! A ce sujet l’ozone dont on parle beaucoup est un cas à part, car elle n’est pas produite directement, mais est issue de la réaction des NOx ou des COV avec les Ultra-Violets (UV) du soleil.  Il ne faut pas confondre non plus l’ozone polluant et l’ozone stratosphérique : certaines pollutions génèrent de l’ozone à basse altitude où elle est néfaste, mais d’autres la détruisent en altitude où elle nous protège des UV du soleil !
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    Les flatulences ovines et bovines seraient aussi responsables d'une partie de l'effet de serre, mais il y a une solution : le pot cattle-lytic !

    Oui mais…Et à Boulogne ?

    A Boulogne, ville urbaine et avec peu d’industries, les sources de pollution de l’air ne se répartissent pas comme à l’échelle nationale, comme en témoigne le graphe joint, que l’on trouve sur le site d’AirParif (estimation faite en 2000 sur les principales origines des polluants émis par Boulogne).

    Il en ressort que :

    1. La principale source de pollution est le résidentiel/tertiaire (chauffage au fuel notamment), source de 80% du CO2, 90% du SO2
    2. Il est suivi par le transport routier, source principale de CO (monoxyde de carbone) et de NOx (oxyde d’azote).

    868255690.jpgC’est à ces deux sources qu’il faut s’attaquer en priorité, par des mesures développement durables, c'est-à-dire :

    1. Respectueuse de l’environnement mais aussi,
    2. Economiquement viables,
    3. Socialement vivables.
  • Les AMAP : des organisations "développement durable"

    Le développement des AMAP, Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, ont fait l’objet d’une des propositions de la liste "les boulonnais en mouvement" pour les municipales 2008. Voyons plus précisément de quoi il s’agit.

    Le constat

    Nous le voyons tous, les circuits de grande distribution ont tendance à « normaliser » et à « calibrer » les fruits et légumes, d’où une perte en diversité, en goût, et aussi beaucoup de gâchis : en grande distribution, près de la moitié de la récolte est jetée, car ne correspondant pas aux calibres imposés, ou périmée avant d'avoir été achetée !

    Il est aussi démontré que l’agriculture intensive, outre le fait qu’elle «use» le sol, génère des gaz à effet de serre, notamment du protoxyde d’azote généré par les engrais azotés. C’est d’ailleurs fort de ces constats entre autres, que le Grenelle de l’environnement a préconisé un développement du Bio, qui aujourd’hui ne concerne que quelques pourcent de la production. Mais la transition sera sans doute longue.

    Il devient donc naturel de « vouloir manger bio » pour manger mieux, et qu’on souhaite contribuer au respect de l’environnement. Seulement voilà : aujourd’hui, les fruits et légumes « bio » ou équivalent sont encore plus chers que les autres, en tout cas dans les circuits de distribution classiques.

    Comment donc manger des produits plus respectueux de l’environnement, plus sains et plus diversifiés, à des prix abordables pour tous ?

    Les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) peuvent apporter peut-être une solution à ce problème. Pour cela, elles compensent les surcoûts liés au moindre rendement de l’agriculture sans engrais ni pesticides, en réduisant d’autres sources de coûts :

    1. réduire les gaspillages : tout ce qui est produit est vendu
    2. réduire les emballages
    3. réduire les coûts de transport en achetant des produits cultivés près de chez soi
    4. réduire les intermédiaires de distribution, l’agriculteur venant directement distribuer ses produits dans la ville voisine.

    Au bilan, les AMAP permettent ainsi de proposer des fruits et légumes issus d’une agriculture équitable, raisonnée voire bio, au prix du marché, voire moins chers ! Voyons comment.

    Les origines

    Les AMAP ont été inventées il y a 40 ans, au Japon, où elles s’appellent « Teikei », littéralement "mettre le visage du fermier sur la nourriture". Un groupe de femmes, inquiétées par le taux de pesticides utilisés et par le risque d'empoisonner leurs enfants, mais aussi concernées par l'augmentation des marchandises importées et la diminution du nombre des fermiers locaux, ont initié une relation directe entre leur groupe et un fermier local. Le concept s'est petit à petit développé au Japon, puis aux USA et au Canada et maintenant en Europe. L'Italie, notamment dans la région de Rome possède un réseau développé.
    En 2001, dans le sud de la France, alarmé par la disparition de l'agriculture locale et soucieux de la sécurité alimentaire, des consommateurs s'engageaient à soutenir une ferme proche qui leur fournirait, en contre partie, un panier hebdomadaire de fruits et légumes. La première AMAP naissait, près d'Aubagne. Depuis 2001 de nombreuses AMAP ont vu le jour, en France, et la demande est très forte actuellement. Plusieurs AMAP fonctionnent à Paris et même à Sèvres et Issy-les-Moulineaux

    Comment çà marche ?

    Le principe est le suivant : mettre en relation directe un agriculteur ou maraîcher avec un groupe de consommateurs, l’AMAP. Le groupe définit le type d’agriculture qu’il souhaite (Bio, raisonnée…). L’agriculteur  prévoit alors un budget reflétant le coût de sa production sur l’année (salaires, coûts de distributions, semences, outils, location des terres, maintenance entretien du matériel agricole, etc.)
    Une fois le budget établi, il est ensuite divisé par le nombre de personnes inscrites, ce qui constitue le prix de la part de chaque membre. Cette part est distribuée sous forme de paniers pendant la durée d’engagement, habituellement sur 2 saisons en France, Printemps/Eté et Automne/Hiver.

    Le panier

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    Un panier est généralement constitué pour subvenir aux besoins d’une famille de 4 personnes. Fleurs, fruits, viandes, œufs, et produits laitiers sont aussi des produits disponibles sous la forme d’AMAP. Les membres du groupe signent et achètent leurs paniers, soit en totalité avant le démarrage de la saison soit selon modalités établies conjointement et permettant de lisser les dépenses des consommateurs. Les coûts de productions sont ainsi garantis et le fermier commence à percevoir un revenu dès que le travail commence.

    Des produits sains et de saison

    1903939820.jpgEn échange de leur investissement, les membres des AMAP reçoivent un panier chaque semaine de produits sains, fraîchement cueillis, localement produits, pendant six mois. Les membres préfèrent une grande variété de légumes et d’herbes, encourageant l’agriculture traditionnelle et bio diversifiée. Cette diversification aide à réduire les facteurs à risques et enrichit le sol. Les récoltes en rotation permettent de fournir en continuité chaque semaine la quantité de légumes et fruits nécessaires à la distribution. Les types de récoltes changeant à chaque saison, les paniers peuvent varier en taille et produits, reflétant toujours les conditions de production locale et la saison.

    Un principe « développement durable »

    L’AMAP est une organisation typiquement « développement durable », car elle permet de gagner sur le plan économique, environnemental et social.

    Sur le plan économique

    1. L'AMAP règle les problèmes de commercialisation, apporte une valorisation directe au travail de l'agriculteur qui produit bio. Elle garantit aux fermiers l'écoulement de ces produits. La suppression des intermédiaires et l'assurance que l'agriculteur vendra sa production entièrement, sans avoir à passer du temps dans la recherche d'une clientèle, ou sur les marchés, permet de faire baisser le coût. 
    2. L'AMAP permet de lutter contre la spéculation foncière. C'est un excellent moyen de préserver des terres agricoles sous forme d'engagements et de contrats de confiance avec des propriétaires qui désirent mettre leurs terres à disposition plutôt que de les laisser en friche. Elle permet ainsi le maintien de ceintures vertes indispensables autour des villes
    3. Il n'y a plus de gaspillage dû à la normalisation commerciale. Les fruits et légumes imparfaits (mais non moins bons) sont aussi distribués.

    Sur le plan environnemental

    1. L'AMAP simplifie la traçabilité des produits et leur acheminement (les circuits courts réduisent la pollution).
    2. Dans l'AMAP, il est utilisé un minimum d'emballage
    3. L'AMAP encourage la biodiversité. Elle préserve les variétés anciennes et de terroir et permet de transmettre ainsi un patrimoine important aux générations futures (il existe 800 variétés de courges, plus de 6 000 variétés de tomates dans le monde, et moins d'une dizaine sont imposées par la grande distribution!)
    4. L'AMAP maintient un savoir-faire, le respect des saisons et de l'environnement.

    Sur le plan social

    1. 2062338308.jpgL'AMAP crée l'opportunité d'un dialogue entre paysans et consommateurs, et souvent une vraie convivialité (repas à la ferme, coups de main…)
    2. L'AMAP permet à l'individu d'être "acteur" social, de retrouver une forme d'autonomie alimentaire.
    3. C'est un outil éducatif et pédagogique, et un lien important avec la nature pour les plus jeunes mais aussi pour les citadins. Elle permet de poser des questions fondamentales : d'où viennent nos aliments et comment sont-ils produits ? Et au-delà : quels sont les activités humaines à préserver ou à valoriser ? De quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ? Produire pour vivre, mais comment respecter la planète ?

    4 propositions pour favoriser les AMAP

    Les AMAP en région parisienne sont victimes de leur succès. L’urbanisation réduit les surfaces cultivées, et l’agriculture intensive est encore légion, il est difficile de trouver un agriculteur pour une AMAP à proximité de Boulogne-Billancourt.

    Afin de favoriser ce type d’organisation, il serait judicieux de : 

    1. Populariser les AMAP organisations coopératives et citoyennes,
    2. Aider à mettre en relation les AMAP avec des agriculteurs en utilisant à la fois le réseau des AMAP et le réseau des maires,
    3. Aider les AMAP à trouver des locaux dans les quartiers pour la distribution, voire à les subventionner comme de nombreuses autres associations,
    4. Prévoir dès maintenant des locaux pour la distribution directe dans les futurs quartiers Renault en lien avec la zone logistique de fret à prévoir (Espace Logistique Urbain - ELU).
  • Proposition Baguet n°5 : un tableau de bord

    Il s'agit de la proposition n°5 du programme municipal 2008 de l'UMP: "Rendre compte de l'action municipale par l'élaboration d'un tableau de bord".

    Autant le dire tout de suite : je suis favorable à cette mesure sur le principe.

    Souvenez-vous, il y a quelques temps, le gouvernement avait lancé cette même idée pour suivre la performance de chaque ministère. Tollé dans l'opposition, y compris dans les rangs de François Bayrou. J'avais à l'époque rédigé la note suivante, je profite de la création de ce blog pour y revenir.

    Introduction

    Le gouvernement vient d’annoncer la décision de mettre en place des indicateurs pour évaluer ses actions, indicateurs définis et suivis pour chaque ministère. S’en est suivi un –relatif- tollé dans l’opposition et au Modem, où on dénonce « infantilisation » et « différence entre la France et une entreprise ». Je me permets d’être un peu surpris, et expose ci-après mon analyse.

    En premier lieu, revenons sur les termes. On lit aujourd’hui que ces indicateurs serviront à « évaluer les ministres ». Je ne sais pas d’où vient la formule « évaluer les ministres », i.e. si le gouvernement l’a lui-même utilisé. Mais si ce terme semble clairement maladroit, F. Fillon a vite précisé qu’il s’agissait simplement d’utiliser quelques indicateurs clefs pour piloter l’action et infléchir la politique si les résultats attendus n’arrivent pas. Il ne s’agit donc pas d’évaluer des personnes, mais les actions de ces personnes.
    Autrement dit une fois l’itinéraire tracé (le programme gouvernemental), il s’agit de mettre en place une sorte de GPS pour vérifier qu’on est bien sur la bonne route. Mais venons-en maintenant aux critiques, trouvées sur Internet.

    La première critique : et l'évaluation du président ?

    Commençons par la seule qui pour moi ait un sens : « le seul qui n’est pas évalué finalement avec cette méthode, c’est Nicolas Sarkozy lui-même » (et son premier ministre, mais on oublie tellement vite qu’il existe…).
    La critique peut s’appliquer à François Fillon, mais plus difficilement à Nicolas Sarkozy, dont le poste est un poste d’élu et donc par définition « évalué »  par le peuple tous les 5 ans. Par ailleurs si les ministres atteignent leurs objectifs mais que les français ne sont toujours pas plus heureux, il serait clair que ce serait le président qui serait en cause.

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    Proposition d'indicateur pour le tableau de bord presidentiel :
    le nombre de spermatozoïdes par éjaculat.
    "Quand on aime on ne compte pas", aurait déclaré Carla.

    La seconde critique : infantilisant ?

    La seconde critique est  par exemple celle de François Bayrou : la démarche serait  « infantilisante », on aurait l’impression de se retrouver sur les bancs de l’école…  Je formule les 5 objections suivantes à cette critique : 

    1. Infantilisant ou pas, en tant que citoyen je suis demandeur de données un peu factuelles, claires, autres que de l’enfumage littéraire embrouillant, sur ce que font les politiciens que j’ai élus.
    2. A la différence de l’école qui évalue l’acquisition d’un savoir par une personne, ici on évalue les effets de certaines actions. Et les effets de ces actions ne dépendent pas que de la qualité des ministres, mais aussi de l’évolution du contexte : une décision l’année N peut être remise en cause ou nécessiter un ajustement l’année N+1 suite à un événement externe et imprévu, ou à une erreur de jugement lors des prévisions.
    3. Il y a quelques temps, le ministère des finances sous l’impulsion de Thierry Breton avait créé un tableau de bord de l’économie pour mesurer la performance de la politique économique : je ne crois pas qu’à l’époque l’opposition se soit révoltée à cette annonce. Le dit tableau de bord est d’ailleurs consultable sur le site du ministère des finances : la mesure proposée aujourd’hui n’est ainsi qu’une généralisation d’une mesure que l’un des ministères avait prise de sa propre initiative pour auto-évaluer sa propre politique.
    4. Plusieurs municipalités ont décidé de mettre en place des « compteurs carbone », ou différents indicateurs de suivi des émissions polluantes de la ville : qu’est ce que c’est sinon mesurer l’efficacité du maire adjoint chargé de l’environnement ? S'en offusque-t-on ?
    5. Je ne pense pas que tous les chefs d’entreprise qui mettent sous surveillance la qualité de leurs produits, les coûts de production, les délais de livraison, etc, à l’aide d’indicateurs, « s'infantilisent ». Ils pilotent leur actions. Et je ne pense pas non plus que les mêmes se sentent « infantilisés » lorsqu’ils soumettent chaque année aux analystes leurs résultats financiers et leurs rapports de développement durable avec force détail et force chiffres.

    La dernière critique : la France ne se gère pas comme une entreprise1126272873.jpg

    La dernière critique est liée au point 5 précédent qui compare avec le monde de l’entreprise : "la France ne se gère pas comme une entreprise". C’est vrai, car l’objectif n’est pas le même. Mais pourquoi s’interdire d’utiliser des méthodes similaires appliquées à des objectifs différents ? La critique est un peu trop générale et « dogmatique » pour être recevable.

    Au fond, que dévoilent ces critiques ?

    Elles traduisent à mon sens deux craintes.

    La première, c’est la crainte d’une corporation, celle des politiques, habituée depuis quelques temps à ne s’auto-évaluer que via de multiples sondages d’opinion, qui ont deux avantages : ils permettent de se tailler une popularité sur une image ; d’autre part ils sont facilement  manipulables suivant la façon dont les questions sont posées, le moment où ils sont réalisés, etc. Ils sont en tout cas plus contestables que des indicateurs factuels, qui même imparfaits et tout aussi sujets à la manipulation, sont un peu plus rationnels que des sondages d’opinion. Entretenir le flou permet de conserver plus de marges de manœuvres ; se prêter à l’évaluation factuelle sur des résultats annoncés et mesurables précisément est un acte de courage car il peut se retourner contre vous.

    La seconde crainte, c’est celle d’une certaine dérive vers un fonctionnement « mécaniste », où l’intuition disparaitrait. La politique en France a une tradition littéraire, qui préfère aux graphiques et aux chiffres la beauté et le flou de quelques envolées lyriques, bien tournées mais floues. Pourtant cette crainte de mécanisation n’est pas fondée. Demandez à un chef d’entreprise qui nage dans les chiffres et les rapports en tout genre, s’il trouve que son activité est « mécanique », ou si tel chef d'entreprise lorsqu’il a décidé de fermer une usine ou lancer un nouveau produit, n’a pris en compte que les chiffres qui lui étaient fournis. Sûrement pas. Les chiffres sont un support indispensable, mais ils ne sont pas tout.

    Enfin, ces critiques mettent en lumière aussi un côté très Français : le culte de l’idéologie, du concept, de la théorie, mais une moindre performance dans l’action. Combien de fois des politiques ont-elles été lancées à grand renfort de tapage médiatique et non suivies dans le temps et encore moins exécutées jusqu’au bout faute des ajustements nécessaires et d’un suivi transparent de son avancement, voire d’une première phase d’expérimentation avant sa généralisation ? Un PDG d’une grande société multinationale, qui a bien raison, a coutume de dire que l’idée c’est 10-20% du travail, et la mise en œuvre 80-90% : si on a une idée quelconque, et qu’on la met bien en œuvre, on obtient un résultat, qui peut être bon ou mauvais ; tandis que si on a une idée géniale mais qu’on ne la met pas bien en œuvre, on n’a aucune chance d’avoir un bon résultat.

    Conclusions

    Les critiques sur le principe même de la mise en place d’indicateurs ne me semblent pas justifiées. Je trouve même l’initiative du gouvernement plutôt bonne sur le plan de la méthode, car cela va potentiellement dans le sens de plus de clarté et de transparence. Potentiellement seulement, car il ne faut pas se leurrer : on peut aussi manipuler les indicateurs.

    Le débat devrait donc avoir lieu sur :

    1. le choix,
    2. la définition précise
    3. les méthodes de mesure
    4. les objectifs associés à ces indicateurs.

    Mais dans la tête des politiques, et celle des médias aussi, ce débat assez technique intéresse sûrement assez peu les électeurs, en tout cas moins que les aventures de Carla et Nicolas.