Dans une précédente note, j'évoquais déjà la "crise" du pétrole, un problème de débit plus que de réserves.
La Tribune, dans un article de 4 pages daté du mardi 27 mai, assez intéressant, tente d'expliquer l'augmentation des prix du pétrole, et de tordre le cou à des idées fausses. Tentative de synthèse en 2 fois 4 points.
Pour le journal, l'augmentation du pétrole :
- s'explique par la difficulté croissante d'extraction du brut pour des raisons techniques : le brut est plus difficile à extraire, et politiques (instabilité de pays comme l'Irak)
- s'explique aussi par la demande mondiale croissante qui tire la demande vers le haut : croissance de la Chine (9% de la demande mondiale!), de l'Inde, mais décroissance insuffisante des besoins des pays riches commes USA, Japon et Europe.
- est amplifiée par les bras de fer entre compagnies privées et Etats, qui assèchent l'investissement :
- les compagnies privées n'ont accès directement qu'à 7% des réserves (dans les années 1960, c'était 85%) et hésitent à investir lorsqu'elles ne sont pas sûres du statut de leurs opérations.
- les compagnies nationalisées sont sensées prendre la relève, mais leurs bénéfices sont utilisés à des fins sociales : c'est louable, mais nuit aux investissements, et résultat, au Vénézuela la production a baissé de 5,3% en 2007,
- arrange bien l'OPEP qui n'a pas la volonté d'intervenir sur les prix, mais n'en n'aurait de toutes façon plus les moyens par manque de réserves.
Par contre l'augmentation du pétrole :
- n'est pas imputable à la spéculation, qui n'est au pire que l'écume d'une vague de fond, car les capacités de stockages sont faibles et ne sont pas aux mains des spéculateurs
- ne s'explique pas par des problèmes de réserves, estimées à 40 ans de production possible au rythme actuel (c'est le seul point de l'article sur lequel j'émettrais une réserve : s'agit-il de réserves rentables ? les chiffres sont-il fiables ?)
- est limitée en Europe (+56% depuis début 2006) par rapport aux USA (+105% sur la même période), grâce à une évolution de la parité Euro-dollar favorable,
- est également limitée en France par le plafonnement de certaines taxes, qui ne sont pas proportionnelles au prix du pétrole : du coup comme la consommation a baissé, l'Etat touche moins (-359 M€ en 2007). Contrairement à ce qu'on pense parfios, l'optimal en terme de recette pour l'Etat n'est pas un prix HT maximal.