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pêche

  • Pour une vrai mutation de la filière pêche

    Michel Barnier vient d'annoncer une mesure garantissant un prix du gazole à 40c€ le litre aux pêcheurs, de façon définitive (interview sur Le Monde.fr) Si on comprend bien une telle mesure comme "mesure d'urgence", on peut s'interroger sur la cohérence d'un gouvernement dont le premier ministre déclarait il y a peu de temps qu'il ne ferait rien pour réduire le prix de l'essence pour le transport routier (ce que j'approuve), mais fait le contraire vis à vis des pêcheurs. Et on peut s'inquiéter du caractère définitif d'une telle mesure, qui risque de retarder la mutation indispensable de la pêche française en lui permettant de survivre "en l'état".

    Car ce dont a besoin la pêche française n'est pas uniquement d'un nième plan d'urgence, mais d'une vraie réforme structurelle ! Pour deux raisons :

    La première raison est économique et sociale : le poisson français n'est pas compétitif, l'est de moins en moins, et si rien n'est fait la tendance ne va pas s'inverser :

    D'abord, car la pêche française est très dépendante du pétrole. A la fois car elle utilise beacoup la pêche au chalut, et tirer un lourd chalut longuement nécessite 2 à 3 fois plus de fuel que les autres méthodes (casiers, sennes). Mais aussi car la flotte utilise peu voire pas du tout les énergies alternatives : vent, solaire...

    Ensuite, car la pêche au large doit de plus en plus investir dans des moyens compliqués pour pallier à la raréfaction de la ressource en poisson : électronique, sonars.. tandis que d'autres pays ont de plus en plus recours à l'élevage.

    Enfin, car les quotas et les contraintes sur les méthodes de pêche ne sont pas les mêmes pour tous. Par exemple, l'Europe se fixe un quota de pêche au cabillaud de 35 000 tonnes par an, quand les USA et la Norvège se fixent une limite à 640 000 tonnes par an.

    La seconde raison pour réformer la pêche est écologique, c'est la disparition de plusieurs espèces, ou leur mutation génétique (les poissons sont de plus en plus petits) :

    De façon évidente, car au niveau mondial, la demande en poisson augmente avec la croissance démographique.

    Mais aussi car la pêche se focalise sur une vingtaine d'espèces alors que l'océan en compte des centaines. Il faut répartir la pêche sur plus d'espèces, en allant peut être plus au large.

    Et enfin car on ne fait pas encore assez d'élevage. Il faut notamment augmenter les efforts de recherche dans le domaine de l'halieutique pour évaluer l'adaptabilité de nouvelles espèces à l'élevage. Celà fait longtemps que le gibier de chasse ne constitue plus l'essentiel de la viande de consommation courante, la mutation de la pêche dans le même sens semble inévitable.

    1369228805.jpgEn conclusion, plutôt que de subventionner le pétrole, l'argent du contribuable devrait plutôt aider les pêcheurs à engager une vraie mutation :

    1. Evoluer vers plus d'élevage (la France est en retard)
    2. Investir dans des techniques et moyens moins gourmands en carburant (moins de chaluts, d'autres énergies)
    3. Se diversifier vers de nouvelles espèces.

    Et pour que la concurrence soit juste et équitable, la question doit être discutée à un niveau au moins continental, entre TOUS les acteurs d'un même écosystème : par exemple les mesures européennes ne peuvent être prises sans la Norvège, même si cette dernière ne fait pas partie de l'Union.

    (Sources principales :
    "La crise du gazole révèle les failles de la pêche française", Le Monde, 20.05.08
    "Si le métier de marins-pêcheurs n'évolue pas, il est voué à disparaître", Le Monde 21.05.08)

  • La (sur-)pêche modifie les gènes des poissons

    Des chercheurs ont étudié pendant 10 ans plusieurs espèces de poissons comme la morue, le saumon, le hareng, et des poissons plats.

    Il en ressort que :

    1. L'âge de la maturité sexuelle a baissé de 23-24% (6 espèces étudiées)
    2. La taille à maturité sexuelle a baissé de 20 à 33% (7 espèces étudiées)
    3. La diversité génétique a baissé de 21-22% (3 espèces étudiées)
    4. Suivant les espèces, les taux de fécondité ont soit augmenté, soit baissé

    1891142926.pngMême si l'étude ne le démontre pas formellement, une des explications est une évolution génétique darwinienne liée à la pêche au filet, qui favorise les poissons les plus petits capables de passer les mailles des filets.

    On serait donc là dans le même phénomène que l'impact de la chasse sur l'évolution de la taille des bois de cervidés (les chasseurs tuant plutôt les cerfs à gros bois, la tendance d'évolution était à la baisse), ou de l'impact des anti-biotiques sur les bactéries (qui mutent pour résister).


    S'il est clair que pour certaines espèces, il faut relâcher un peu la pression de la pêche sous peine de les voir disparaître, faut-il pêcher les petits poissons autant que les gros pour ne pas réduire la diversité génétique ? La question est véritablement posée.

    (Source : les Echos 17/4/2008)

    Les gros filets de l'UMP sont aussi en train de faire évoluer l'espèce Modem, en ne prenant que des gros poissons de l'ex-UDF. Espérons que la diversité "génétique" sera préservée chez les petits poissons !