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  • Le client est roi, mais le sait-il ?

    Ma précédente note sur la grève à l’usine Renault en Roumanie, m’amène à me poser quelques questions sur les relations avec les pays émergents, les délocalisations... Je suis partagé sur le sujet :

    • à court terme les délocalisations et la compétition des pays comme la Chine font du mal à notre économie
    • mais d'un autre côté, celà contribue à développer ces pays et donc à réduire l'écart de compétitivité, qui devrait finir par s'annuler à moyen-long terme : un certain équilibre de compétitivité devrait être atteint, au sens où les coûts de main d'oeuvre vont s'homogénéiser entre les pays : les délocalisations auront alors moins d’intérêt ou seront plus marginales, d'autant que les coûts de transport augmentent avec le prix du pétrole.

    Il s’agit donc de gérer une phase transitoire. Elle risque d’être longue, car si on voit que l'Asie se développe rapidement (Inde, Chine...) rattraper le niveau du G8 leur prendra un certain temps, et surtout, il restera encore l'Afrique...

    Quelle est donc la stratégie la plus pertinente pour la gérer, sans sacrifier des générations ?

    Les deux stratégies vis à vis des pays émergents

    Je vois bien deux stratégies vis-à-vis des pays à faible coût de main d’œuvre :

    A. Réduction des coûts par délocalisation

    Il s'agit de déplacer une usine qui produit pour le monde entier vers un pays "low cost". Exemple : HP Grenoble délocalisé en Inde.

    • Economiquement : celà peut être rentable, si l'augmentation des coûts de transports n'annule pas la baisse des coûts de production
    • Ecologiquement : impact négatif car les transports augmentent
    • Socialement : celà contribue au développement économique de pays "pauvre", mais au détriment du pays d'origine ou celà crée du chômage à court terme et la perte d'un savoir faire et d'un outil de production qui pourrait lui être utile une fois l'équilibre des compétitivités atteint.

    B. Extension dans les pays à bas coût

    Il s'agit d'une croissance à l'étranger pour fournir les marchés des pays émergent, croissance rentabilisée au maximum en produisant dans les pays émergents, à prix minimal. Exemple : Logan en Roumanie, vendue surtout en Roumanie et dans les pays voisins.

    • Economiquement : çà n'est viable que si l'option A ne l'est pas : sinon l'entreprise est moins compétitive que ces concurrents sur les marchés des pays développés
    • Ecologiquement : c'est la solution la plus écologique car la production est au plus près des marchés clients : les transports sont minimisés
    • Socialement : celà contribue à développer le pays émergent, mais pas au détriment du pays développé qui ne perd pas son savoir-faire.

    Cette stratégie peut être une étape avant la délocalisation totale du type précédent (on ouvre une usine en Inde sans fermer la france, et une fois qu'on est sûr que l'usine indienne marche bien et a atteint le bon niveau, on ferme l'usine en France)

    Mais peut-on blâmer les entreprises qui délocalisent ?

    Si elle respecte un minimum d'éthique comme le fait de ne pas faire travailler des enfants, y compris via des fournisseurs de rang N, on ne peut pas blâmer une entreprise qui délocalise  : l’entreprise décide en fonction d'un faisceau de contraintes liées à des acteurs, dont les pouvoirs respectifs ont évolué et continuent d’évoluer avec la mondialisation :

    • Ceux dont le pouvoir augmente :
      • l'actionnaire : grâce à une plus grande fluidité du marché boursier et de l’information, rendue possible par les technologies, il peut instantanément vendre et acheter et donc tuer une entreprise en la rendant OPAble par ses concurrents par exemple,
      • le client : grâce à la mondialisation et au développement des transports de marchandises, la compétition est accrue et le client est donc plus courtisé
    • Ceux dont le pouvoir baisse :
      • Les Etats : ils sont mis en concurrence (qualité des infrastructures, taux d'imposition, règlementations...) par des entreprises mondialisées
      • Les salariés : ils sont mis en concurrence dans contexte de chômage élevé, -même si avec la papy-boom la tendance risque de s'inverser-, et subissent de plein fouet le pouvoir grandissant de l’actionnaire et du client qui génèrent plus de contraintes : exigence de profitabilité supérieure, flexibilité aux évolutions des besoins...
      • Les petits fournisseurs, qui dépendent des contrats avec des multinationales

    Les entreprises aujourd’hui sont donc contraintes à satisfaire d’abord les actionnaires et les clients, plutôt que les salariés. A ce sujet, je recommande l’excellent ouvrage « la fatigue des élites, la capitalisme et ses cadres » de Henry Dupuis.

    Pour influer sur les entreprises, il faut jouer sur le faisceau de contraintes que l'entreprise doit prendre en compte. Or aujourd'hui ce sont les actionnaires et les clients qui ont le pouvoir sur les entreprises...

    Quelles sont donc les solutions ?

    L'une des solutions, souvent mise en oeuvre, est évidemment d'user du pouvoir des Etats, au niveau national ou CEE, en exigeant sur les produits importés le respect de règles toujours plus contraignantes : c'est une sorte de protectionnisme qui permet de réduire les écarts entre les pays et garantir une certaine sécurité au consommateur. Par exemple, les voitures chinoises n'ont pas été homologuées du premier coup car elles ne respectaient pas le minimum sécurité exigé.

    Il y a à mon sens deux autres pistes à explorer pour faire changer les rapports de force et donner du pouvoir au salarié dans le faisceau des contraintes qui influent sur l'entreprise :

    1. Le salarié est aussi client : faire en sorte par l’éducation et la diffusion d’informations, le renforcement des associations de consommateurs, que le salarié-consommateur use de son pouvoir grandissant pour imposer ses règles et soit cohérent : un salarié-consommateur ne peut pas à la fois se réjouir des prix bas des produits importés en tant que consommateur, et de l’autre se plaindre des délocalisations en tant que salarié,
    2. Le salarié peut devenir actionnaire : promouvoir l'actionnariat salarial, voire les sociétés en commandite par action, cette structure permettant par exemple de déléguer le pouvoir aux seuls actionnaires salariés si ce sont eux les commandités (ex : société Steria)

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    "L'économie j'y comprend pas grand chose,
    mais je me dis que je suis pas le seul :
    si au moins un modèle marchait, çà ce saurait" WeirdMan
  • Le fantôme de Krazucki en Roumanie ?

    La Dacia Logan fabriquée en Roumanie se vend bien : Renault en a fabriqué 230 000 en Roumanie en 2007, et prévoit d'en faire 350 000 en 2008.

    Pourtant, à l'appel d'un syndicat, une grosse partie de l'usine qui fabrique la Logan en Roumanie est en grève depuis lundi, la production est interrompue. Les salariés réclament des augmentations pour toucher une part des bénéfices générés par leur usine. La direction rétorque que les bénéfices générés jusqu'à présent ne couvrent pas les pertes que Renault a dû absorber de 2000 à 2004, et indique que la grève est illégale car les procédures d'alertes n'ont pas été respectées.

    Il est probable en fait que les salariés sentent qu'il est temps de profiter d'une période faste où la LOGAN se vend bien, et n'a pas de réelle concurrence : cette période risque en effet d'être éphémère, puisque Ford vient de racheter l'ancienne usine Daewoo de Craiova pour y fabriquer à partir de 2010 un véhicule qui pourrait être un concurrent de la LOGAN.

    Finalement, la Roumanie s'européanise bien vite :

    • Les salariés font grève "à l'européenne", ils ont pris conscience de leur caractère indispensable pour l'employeur.
    • Si les salaires sont encore bien moindre en Roumanie qu'en France l'écart diminue, à un rythme de +10 à +15% par an
    • On voit bien pourquoi les industriels pour qui cette tendance est inéluctable depuis l'entrée de la Roumanie dans l'Europe, ont désormais les yeux tournés vers l'Inde, la Chine, le Vietnam, ou le Maghreb, 

    L'Europe tire vers le haut, c'est bien.

    Mais il est temps d'acheter une Logan avant que son prix n'augmente...

  • Emplois et déplacements à Boulogne

    Comme le montre le graphique suivant : 

    1. De moins en moins de Boulonnais travaillent à Boulogne
    2. De plus en plus de Boulonnais vont travailler à l'extérieur
    3. De plus en plus de non-Boulonnais viennent travailler à Boulogne
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    Tout celà, c'est plus de déplacements, sources de perte de temps et d'argent, sources de nuisances familiales et de pollution.

    La cause : il y a de moins en moins adéquation entre les résidents et les emplois à Boulogne.

    Monsieur Baguet, élu il y a un peu plus d'une semaine, veut "faire revenir les entreprises" à Boulogne. C'est louable. Mais çà ne doit pas être motivé que par le seul souci de rapporter de la taxe professionelle : il  faut une politique du logement COHERENTE avec la politique vis à vis des entreprises, avec un mot d'ordre : essayer de réduire les déplacements. Bien plus que des gadgets type Vélib, le problème de fond sur les transports est sans doute là.

    Et commençons par les terrains Renault : les futurs habitants seront-ils les futurs travailleurs de la zone ?

  • Milieu, centre et démocrates

    Au cours de la campagne, j'ai parfois eu à faire à des réactions violentes s'en prenant au positionnement du Modem. Petit Verbatim.

    • Un quidam : "Monsieur, je me suis longtemps demandé ce qu'était le centre en politique, mais ça y est, avec le Modem j'ai enfin trouvé : c'est comme au centre d'un disque 33 tours : il n'y a rien, il y a un trou".
    • Un militant UMP en train de tracter : "c'est vrai, faut choisir, on est de droite ou en est de gauche, au moins le PS c'est clair"
    • Une personne de droite (apparemment) : "Trois listes de droite, c'est honteux, c'est nul, vraiment Boulogne, c'est nul, nous on voudrait une droite unie"

      Et j'en passe et des meilleures.

    Je me suis donc demandé ce qui faisait que je ne croyais plus au bon vieux clivage gauche-droite, et que finalement, j'étais à la fois de droite (!), ni gauche ni-droite, voire dans un trou, au milieu...

    En 1981, j'avais alors 11 ans, dans ma tête, c'était simple si tant est que j'y comprenais quoi que ce soit :  la droite défendait les riches, la gauche les pauvres ; la droite incarnait le libéralisme, la gauche l'Etat bienfaisant. Que s'est-il passé depuis ? Beaucoup de choses :

    1. Il y a eu la chute du mur de Berlin, la fin du communisme, qui pèse moins de 5% aujourd'hui en France, et les débuts -timides malheureusement- de la mutation du PS vers une reconnaissance de l'économie libérale, matérialisée par la politique de Jospin qui s'il a pris quelques mesures de gauche (les 35h), a aussi privatisé...
    2. Et puis est arrivée l'Europe et la mondialisation : on a alors vu des parties de la gauche et de la droite respectivement pour / contre l'Europe et/ou la mondialisation. Les nationaliste/souverainistes, vs les universalistes/européens.
    3. Est arrivé aussi François Bayrou, qui a ajouté un message sur le fonctionnement de la démocratie, jugé insatisfaisant : politique, entreprises et médias pas assez indépendants, représentativité des différentes sensibilité insuffisante (car pas de proportionnelle aux élections)...
    4. Et après 20 ans de militantisme des Verts, une nouvelle dimension s'est finalement imposée à tous, même à droite : l'environnement, qui a imposé une vision à trois pôles, celle du développement durable, qui se représente parfois par trois cercles comme ci-dessous (que j'ai "politisé" même si c'est très caricatural)
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    Depuis 20 ans finalement, donc, alors que la distinction gauche-droite s'est amenuisée, de grands thèmes comme la globalisation, l'Europe, l'environnement et la démocratie sont montés en puissance. Lesquels de ces thèmes seront demain les plus "clivants" ?

    Je pense pour ma part que le plus clivant est celui de la démocratie, car il englobe les autres, et c'est d'ailleurs pour celà que j'adhère au Modem. Car que ce soit dans les entreprises, au niveau municipal, régional, national ou mondial, les mauvaises décisions sont souvent celles qui n'ont pas pris en compte suffisament d'avis ou ont été influencées voire motivées par des intérêts différents de l'intérêt collectif.

  • L'illusion de la voiture propre

    1065869243.jpgJ'ai eu récemment un débat avec un électeur Baguétiste sur le rôle de la voiture : pour lui LA solution, c'est d'enfouir le trafic, à l'image du projet proposé par l'UMP à Boulogne, à savoir l'enfouissement de la RD910. A l'entendre, les transports en commun, ce n'est pas pour lui. Le métro, va pour les autres, mais lui, il veut son confort : écouter des CD dans SA voiture, c'est sa liberté. Et pour résoudre les problèmes de pollution, une solution unique : la voiture propre !

    Il ignore en celà les autres nuisances du trafic routier : l'insécurité, les pertes de temps dans les bouchons, l'esthétique (ah la beauté d'un flux automobile devant chez soi)...

    1402076851.2.jpgEt au delà du côté très individualiste que révèle les propos de ce monsieur, il y a une limité théorique au nombre de voitures pouvant circuler simultanément dans une agglomération : cette limite, c'est la surface des routes : on ne peut pas multiplier à l'infini la surface routière au sein d'une agglomération, en tout cas pas à prix raisonnable, sans empiéter sur les habitations !

    Par conséquent, si la voiture propre est un axe de progrès à développer bien évidemment,  il est AUSSI indispensable d'agir pour inciter les particuliers:

    1. à moins se déplacer quand c'est possible, par exemple en développant le télétravail,
    2. à se déplacer à pied ou à vélo pour les courtes distance (dans une ville, la moitié du trafic est lié à de la courte distance)
    3. à prendre les transports en commun lorsque c'est possible pour les plus longue distances
    4. à ne prendre leur voiture que lorsqu'il y a nécessité (charges à transporter, mauvaise desserte par les transports en communs)

    A cet égard, enfouir une avenue sur une portion ne résoud rien, au contraire : celà risque d'inciter encore plus de gens à prendre leur voiture, ce qui est l'inverse de ce qu'il faut faire.

    Par ailleurs, il est nécessaire aussi de commencer -enfin- à gérer les flux logistiques d'approvisionnement de façon à les optimiser à l'échelle d'une ville, en mutualisant les flux grâce à des plateformes logistiques.

    En conclusion, espérer tout résoudre grâce à des voitures plus propres me semble illusoire : dire cela relève de la démagogie, il faudra demain changer nos habitude et notre relation à la voiture... A moins qu'une solution 100% weird et 100% écolo ne soit mise au point ?

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