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Economie et finance, travail - Page 5

  • Crise : vers des achats "citoyens" ?

    Je parcourais récemment un site consacré à l'automobile (promis, je changerai de sujet pour la prochaine note ;-) ). J'étais surpris par le nombre de français qui dénigrent les marques françaises, et vantent les allemandes : plus belles, plus fiables, moins chères, soi-disant. S'il y a eu du vrai, la qualité et la fiabilité s'est aujourd'hui relativement homogénéisée entre les marques à quelques exceptions, les prix aussi même si les allemandes restent avec des prix au dessus du lot car elles capitalisent sur leur image de marque. Reste le design, qui a mon sens va jouer une part de plus en plus importante puisque les autres critères font de moins en moins la différence. Mais les goûts et les couleurs "ça ne se discute pas"...

    Cela m'a rappelé un souvenir d'enfance : 1981, arrivée de Mitterrand au pouvoir. J'avais presque 11 ans. Il y avait à l'époque un problème de balance du commerce extérieur, qui avait donné lieu à de grandes campagnes de pub pour "acheter français".

    La crise actuelle ne devrait elle pas mener à la même chose ? Il y a en effet 3 raisons aujourd'hui d'acheter "made in france".

    • Du point de vue social : nos industries souffrent, il serait naturel pour sauvegarder nos emplois ou ceux de nos amis ou de notre famille, de privilégier des achats "made in France"
    • Du point de vue économique : l'augmentation du pétrole, et donc du coût des transports, devrait petit à petit rendre plus intéressant l'achat de produit fabriqués localement
    • Du point de vue environnemental : acheter des produits ayant nécessité moins de transports contribue à réduire la pollution.

    Le dogme libéral et le complexe français, qui n'ose pas affirmer sa préférence aux produits nationaux que pour le vin et le fromage, vont-ils enfin céder ? A-t-on si peur de rétorsions inverses, d'une dérive autarcique ? On en est très loin. Pourquoi les marques elles-mêmes n'utilisent-elles pas ces arguments dans leur communication ?

  • Crise : la vision du patron de Fiat

    J'évoquais déja cette hypothèse dans une note précédente, des grands patrons du secteur osent désormais le dire publiquement : il y a trop de constructeurs automobiles, trop de modèles, trop d'usines dans le monde.

    Ainsi par exemple le patron de Fiat a-t-il été assez précis, dans un entretien lundi avec le magazine spécialisé Automotive News :

    "La seule solution est une forte consolidation au sein du secteur. Cela ne peut pas continuer comme dans le passé. L'indépendance n'est pas soutenable. Dans les 24 prochains mois, en ce qui concerne les grands constructeurs, nous allons finir avec un américain, un allemand de taille, un européen-japonais, avec probablement une extension aux Etats-Unis, un au Japon, un en Chine et un autre européen".

    Pour le patron de Fiat, le nombre de constructeurs est donc destiné à chuter à six.

    Je vous laisse mettre des noms de Groupe industriels ou de marques...  Notons :

    1. Qu'il n'a pas mis d'Indien (Tata) dans les 6, sans doute jugé encore trop en retard.
    2. Qu'il prédit la mort d'un des deux américains les plus mal en point (Chrysler / GM) et le rapprochement de l'autre avec l'Alliance Renault-Nissan.
    3. "Un autre européen" : il y a des rumeurs de rapprochement PSA-Fiat, les deux groupes ayant déjà collaboré dans le véhicule utilitaire.

    Comme le disait Albert Jacquard ce soir à la conférence avec Jean Peyrelevade, le monde a une taille finie. Il n'y a aps assez de ressource pour que toute la planète vive au niveau de vie occidental. Je regrette que la conférence n'ait pas été l'occasion aussi de se poser la question de cette finitude sur le plan démographique, un sujet un peu tabou, car tous les raisonnements se basent toujours sur 9 milliards d'habitants en 2050 comme si c'était "inéluctable".

  • Fiscalité verte : l'accord européen est-il un succès ?

    L'accord européen autour du "paquet climat énergie", conclu rapidement avant la présidence tchèque, permet à notre président de se féliciter d'un accord de plus.

    Mais il risque de ne pas améliorer la vie des européens ni à résoudre les problèmes de pollution. Pourquoi ?

    Passons sur les concessions faites en terme de délai, notamment pour la Pologne.

    Ce qui est le plus gênant, c'est que l'on poursuit dans la voie du "marché du CO2", qui oblige à "payer pour polluer" et permet de "gagner en ne polluant pas". Si le principe est séduisant car il permet de concentrer mécaniquement les investissements pour moins polluer là où c'est le plus rentable, il a deux limites qui me semblent bloquantes :

    1. le prix du CO2 n'est pas fixe, ce qui rend difficile la décision d'un investissement pour moins polluer, qui relève plus de la spéculation sur le cours du CO2
    2. mais surtout, mis en oeuvre uniquement en Europe, il défavorise la production en Europe et risque d'accélerer les délocalisations des productions polluantes vers des pays aux législations plus souples.

    Mais alors, quelle autre solution ? Une autre façon de procéder, peut-être plus compliquée, serait de taxer la consommation et non la production. C'est à dire taxer les produits à la consommation en fonction de deux facteurs :

    • la pollution générée par leur production et transport
    • l'écart social entre pays de production et pays de consommation

    En déportant ainsi une parties des taxes du travail vers la consommation, ceci permet de taxer uniformément les produits d'importation et les produits fabriqués localement (courbe ci-contre).

    pacman.pngC'est en fait l'idée de TVA sociale, mais pourvue de critères environnementaux pour en calculer le montant, produit par produit. La TVA sociale avait été soutenue à une époque par des gens de la gauche et de la droite mais avait été tuée par le PS pendant la campagne présidentielle, le mot "TVA" signifiant dans leur idéologie préformattée "inégalité" (alors que bon sang, qu'on taxe le travail via les charges ou qu'on taxe la consommation, au bout du compte ça se retrouve dans le prix de vente, même si je caricature un peu...)

  • GM se préparerait à se mettre sous protection de l'article 11

    bankruptcy.jpgLe Sénat américain a rejeté le plan d'aide aux constructeurs, qui devait notamment permettre d'aider GM et Chrysler, les deux constructeurs en plus mauvaise posture.

    Selon le Wall-Street journal, GM aurait déjà commencé à travailler sur une mise en faillite sous protection de l'article 11. Si j'ai bien compris, une entreprise mise sous article 11 ne paye plus ses dettes, et est mise sous "protection" juridique, en attendant une restructuration par le management en place. Ce qui signifie une distortion de concurrence au moins temporaire, et peut contribuer à entretenir des surcapacités de production. C'est ce qui s'était passé avec les compagnies aériennes américaines en 2006 (delta airlines  & United par exemple).

    L'article 11 implique donc une restructuration plutôt qu'une liquidation, qui relève plutôt de l'article 7.

    Resterait à savoir ce qu'elle pourrait être dans le cas de GM et/ou Chrysler, à moins que Georges W Bush ne décide d'utiliser l'argent du plan Paulson destiné à sauver la finance pour sauver GM et Chrysler...

     

  • Parler vrai & simple

    C'était flagrant hier dans l'émission "à vous de juger". Il y a eu un décalage de forme entre le discours politique et celui d'un chef d'entreprise.

    Il y a d'abord eu François Bayrou, Arnaud Montebourg, et Jean-François Copé. Ca a parlé de politique politicienne, de 2012, faits des petites phrases en s'écoutant parler. Montebourg égal à lui-même qui qualifie Bayrou de droite, Copé qui parle de démocratie et de débat, mais "Sarkozy c'est le chef, quand même". Bayrou a parlé des pinocchios du PS. Ce n'était guère passionnant car les journalistes en présence étaient plus intéressés -comme souvent- par les hommes et les postures, que par les idées et le concret.

    Et puis ensuite il y a eu Carlos Ghosn, le PDG de Renault-Nissan. Rappelons que Carlos Ghosn a notamment acquis sa réputation en sauvant Nissan qui était au bord de la faillite : les crises, il connait, certains disent même qu'il est plus à l'aise dans les crises. Il a donc parlé de la crise. D'après lui,

    • La crise il y en a au moins pour tout 2009,
    • Renault doit aussi faire attention à ce que ses fournisseurs / sous-traitants ne coulent pas
    • La crise, c'est aussi une opportunité de se remettre en question,
    • Renault réduit des investissements, sauf sur les projets stratégiques comme le véhicule électrique : premiers véhicules en 2010, en masse dès 2012,
    • La mesure gouvernementale en France pour soutenir la demande, c'est bien pour lui, car ça fait réviser l'évolution des ventes à -5% au lieu de -15%,
    • Il est flatté qu'on parle de lui comme futur PDG de GM, mais il n'est pas question pour lui de quitter l'entreprise en pleine crise,
    • Il ne veut pas de plan de restructuration en France, qui est le socle culturel de l'entreprise et son principal marché : s'il y en a, ils seront ailleurs,

    Pas de langue de bois, du franc parler, direct, simple.  A une question, une réponse, sans louvoiement. Mais pas de littérature non plus, pas de "petites phrases". Et FOG (Franz Olivier Guisbert) de glisser à la suite de l'interview qu'il aimerait bien que les politiques parlent comme ça...

    Et puis il y a eu Rama Yade et Benoit Hamon. Je me suis endormi avant la fin, tellement je trouvais ça sans intérêt, et que j'étais un peu fatigué par la gastro de ma fille qui me transforme en pilier de machine à laver.