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Economie et finance, travail - Page 9

  • Crise financière : on joue plus facilement avec l'argent des autres qu'avec le sien

    454662677.jpgDans un article intéressant, le quotidien Monde explique le pourquoi de la crise financière actuelle : une assymétrie entre la perspective de gain et le risque de perte pour le financier.

    Les gains personnels des gestionnaires financiers peuvent être proportionnels aux bénéfices qu'ils génèrent pour leurs clients, mais leurs pertes n'excèdent souvent pas leur emploi et leur réputation.

    De même, la crise des subprimes s'explique aussi par le fait que les banques, qui transféraient leurs crédits risqués aux marchés financiers chargés de gérer le recouvrement, étaient moins scrupuleuses sur la sélection des clients : elles encaissaient le gain lors de l'achat du crédit, mais ne supportaient pas l'éventuel risque.

    Le monde financier n'a donc pas besoin d'être régulé par une intervention de l'Etat dans son fonctionnement opérationnel, mais a besoin d'être encore plus surveillé pour prévenir de telles dérives d'organisation, et ajuster les règles de fonctionnement si besoin.

    (J'en profite pour rendre un petit hommage à Jacques Villeret)

  • Soylent Green

    La croissance des pays émergents a un point positif et non des moindres : elle contribue à augmenter le niveau de vie moyen des pays émergents, à réduire l'écart avec les pays occidentaux.

    Malheureusement, elle est à l'origine de pas mal de problèmes aussi. J'ai tenté d'en résumer les mécanismes dans le graphique de synthèse ci-contre. N'hésitez pas à commenter pour que tout cela se peaufine et s'enrichisse.

    On voit, sur le schéma, des effets directs de la croissance, et des effets indirects.

    Les 3 effets directs sont assez simples.

    639955716.pngD'abord, la croissance économique des pays émergents génère de l'inflation en augmentant la demande mondiale en matières premières pour les industries (pétrole, acier, étain...), même si cette hausse est en partie compensée par de la productivité.

    Ensuite, la croissance industrielle augmente la pollution (terre, eau, air notamment avec les GES*). L'environnement n'est pas la priorité des pays émergents en pleine croissance, même si celà commence à venir, par exemple en Inde, où les normes environnementales sont drastiques... mais uniquement pour les entreprises étrangères !

    Enfin, la croissance démographique et l'augmentation du niveau de vie augmente la demande en produits agricoles, et donc les prix. Cette inflation "de marché" s'ajoute à l'inflation naturelle engendrée par l'augmentation des prix de l'énergie (les engrais et les transports comptent dans les prix agricoles...).

    Il y a ensuite 2 effets indirects principaux.

    Le premier, c'est celui lié au développement des bio-carburants, l'une des solutions mises en oeuvre pour faire face à la raréfaction du pétrole et la pollution. Il s'agit d'éthanol produit à parti de canne à sucre, maïs, betterave...  Et parfois, ces cultures empiétent sur des surfaces agricoles alimentaires. Celles-ci sont donc réduites d'autant, à moins que, comme au Brésil, on déforeste pour étendre les surfaces agricoles (**). Autre phénomène quand on remplace du blé alimentaire par du maïs pour faire de l'éthanol, cela augmente beaucoup le besoin en eau, une ressource aussi de plus en plus rare et chère... Bref, le développement des bio-carburants aboutit a des effets écologiques inattendus car le marché est allé trop loin : le bio-carburant n'est pas le remplaçant du pétrole, mais l'un des compléments/remplaçants du pétrole.

    Le second effet indirect, accusé par certains d'être la principale cause de l'emballement des prix agricoles sur le marché mondial, c'est le comportement de certains pays exportateurs déjà évoqué dans plusieurs notes de ce blog (Egypte pour le riz par exemple) : craignant une pénurie, il se replient sur eux-même, en diminuant ou même supprimant leurs exportations de certains produits agricoles de base. Ces annonces "nationalistes" ont bien sûr un effet dévastateur sur les marchés : les prix s'envolent, ce qui incite à encore plus de restrictions d'exportations, etc. : c'est un cercle vicieux.

    Au final nous avons d'une part en occident une inflation qui accroit les inégalités car elle touche aux produits de base, et d'autre part dans les pays les plus pauvres, des risques de famines dramatiques, voire d'émeutes, comme à Haïti. Par la voix de son directeur général Dominique Strauss-Kahn, le Fonds monétaire international (FMI) prédit d'ailleurs des "conséquences terribles" à la hausse des prix des denrées.

    Que faire ? On parle d'aide humanitaire et d'aide d'urgence, mais ce ne sont que des palliatifs court-terme, certes sans doute indispensables. Pour traiter le fond des problèmes, une vision systémique complète est indispensable, mais difficile à construire car elle requiert la collaboration de nombreux experts et décideurs de domaines différents. Un "Grenelle mondial développement durable" (économie, social, et environnement) serait sans doute une bonne manière d'avancer, s'il est suivi des actes.

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    En 1973, Richard Fleischer réalisait Soylent Green (Soleil Vert en Français),
    vision d'un monde où les problèmes de nutrition ont été réglés d'une façon...
    ...comment dire... "originale".

                                                                     

    (*) GES : Gaz à Effet de Serre, responsable du réchauffement climatique
    (**) Dans le même ordre d'idée, on pourrait se demander quels effets aurait une généralisation trop rapide du Bio, dont on sait que le rendement est inférieur et qui donc nécessite plus de surface pour une production identique.

  • Représentativité des syndicats : la CGT approuve la réforme

    C'est suffisamment rare pour mériter d'être signalé : la CGT est le premier syndicat à approuver la réforme sur la représentativité des syndicats, que j'évoquais hier.

    Bernard Thibault en a profité pour critiquer sans les nommer la possible fusion CFE-CGC + UNSA, qui pour lui relèverait de la politique d'appareils plus que de la volonté des salariés eux-mêmes.

  • Les mots du jour : inflation & stress

    1971540413.JPGCette semaine, je suis en formation professionnelle dans une école de la catégorie qu'on appelait autrefois "de commerce" mais qui s'appelle aujourd'hui "de management". Aujourd'hui, l'un des cours portait sur la gestion du stress, le sien, mais aussi celui des autres. Un phénomène médiatisé par de récents suicides, qui ne sont en fait que la partie immergée d'un énorme iceberg. Un énorme iceberg qui contrairement à celui des pôles, ne fond pas, lui, mais au contraire, grossit. Et la France est très en retard sur le sujet, par rapport notamment aux pays scandinaves mais aussi à la Grande Bretagne. Car si par exemple des entreprises scandinaves, quand elles planifient un changement de leur organisation, évaluent ce que le stress généré chez les employés par ce changement va coûter, dans certaines entreprises françaises le sujet même du stress est encore tabou ...

    20h, fin des cours. L'un des avantages dans ces écoles, c'est la mise à disposition gratuite et en libre service de journaux économiques, que sont par exemple Les Echos, et La Tribune. Ca donne de quoi lire dans le tramway, le soir. Une fois dans la rame du T2, donc, je commence à lire la Tribune. Les titres parlent tout seul :

    1. "le baril de pétrole dépasse les 115 dollars"
    2. "la demande propulse le prix du riz à des niveaux sans précédents" : je vous parlais déjà il y a quelques semaine de la spéculation sur le riz et du cas de l'Egypte : l'inflation atteint +60% depuis le début de l'année, les Philippines cherchent désespérement 1 million de tonne, et les gros exportateurs que sont Chine, Inde, Vietnam, Egypte (1/2 de l'export à eux 4) ont annoncé une baisse voire une suppression de leurs exportations... Le blé est aussi touché, bien sûr, avec +90% depuis 1 an. Il va falloir augmenter l'offre et donc cultiver de nouvelles terres, d'après le directeur du bureau de Bruxelle du Programme Alimentaire Mondial.
    3. "les denrées alimentaires s'envolent en Allemagne" : +8,6% depuis 1 an...
    4. "les prix à la consommation dérapent en zone euro" : 3,6% sur un an glissant en mars, dont 6,2% sur l'alimentaire et +11,2% sur l'énergie, mais tout de même 2,7% sans ses deux secteurs, l'objectif de la BCE étant 2%.
    5. "L'inflation pèse sur l'indice de référence des loyers"
    6. On ne s'étonne donc pas de voir plus loin : "le libre marché ne fait plus rêver". Un sondage international montre en effet que dans de nombreux pays, l'économie de marché est considérée comme le meilleur système, mais que ce soutien s'érode : -15 pts en Corée du Sud, -14 au Chili, -10 aux USA et en Allemagne, -7 en Grande-Bretagne... Seul un pays se distingue : la France, où le soutien à l'économie de marché a augmenté de 5 points ! Paradoxe qui n'est qu'apparent : la France ne fait que se "normaliser", car elle part de très bas : tandis que tous les pays que j'ai cité ci dessus oscillaient il y a un an entre 60 et 80% de soutien à l'économie de marché, la France était à 36%...

    Finalement, j'ai une drôle d'impression après toutes ces lectures. Les faits sont listés, c'est factuel, mais il ne transparait aucun sentiment, aucune émotion. Comme si l'économie se résumait à des chiffres, des tableaux Excel et des cours de bourses. Comme si tous ces gents responsables dont on parle étaient mécaniques, froids, dénués de caractère. Comme si tous ces gens qui analysent, décident, n'étaient finalement pas des Hommes, et que tout celà en fait souffrir d'autres. Bref comme si tout celà n'était pas réel, et que tous ces chiffres alarmistes ne devaient pas nous stresser.

    Et paf, alors que le train s'arrête à la station Parc de Saint-Cloud, qu'est ce que je lis page 28 : "le stress au plus haut chez les cadres depuis 2004"...

    Le T2 arrive finalement à la gare des Moulineaux, et je sors de ce mauvais rêve pour rejoindre mes pénates...

  • Waterloo, morne plaine

    L'Italie a été au coeur de l'actualité ces derniers jours:

    • D'abord le PDG de Telecom Italia, qui lors d'une convention marketing avec les cadres du groupe, a non seulement été un peu vulgaire, mais a démontré son inculture, en prenant exemple pour motiver ses troupes, sur le fameux succès de Napoleton (sic)... à Waterloo ! La video sur Utube, prise par l'un des cadres présents, fait en tout cas beaucoup parler d'elle.
    • Ensuite avec la victoire aux élections italiennes de Silvio Berlusconi, emblême de la démocratie, de l'indépendance des pouvoirs politique, médiatique et économique ;-) et qui dispose désormais d'une large majorité à la Chambre et au Sénat italiens.
      Cette victoire compromet d'ailleurs définitivement le rachat d'Alitalia par Air France-KLM auquel "Il cavaliere" est fermement opposé. Air France-KLM se consolera peut-être, puisqu'une possible fusion entre ses deux partenaires américains Delta et Northwest vient d'être annoncée. Elle mettrait le groupe franco-néerlandais à l'abri d'un rachat de l'un des deux par un concurrent.

    En France, le spectre inflationniste revient, puisque les prix à la consommation ont augmenté de 0,8% au mois de Mars (+3,2% sur un an), la plus forte hausse mensuelle depuis 20 ans. Celà est essentiellement dû à l'augmentation du prix de l'énergie (+12,7% sur un an), mais ne va pas faciliter la tâche de Christine Lagarde pour relancer la croissance, réduire les déficits et créer des emplois : Bercy révise d'ailleurs à la baisse les perspectives de création d'emplois : 190 000 pour 2008, contre 290 000 prévus en octobre dernier. Espérons que Bercy n'ait pas pris Waterloo comme modèle, lui aussi...

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    Waterloo, waterloo, morne plaine