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Politique - Page 4

  • Affaire Zemmour : peut-on encore débattre en France ?

    Zemmour.jpgVoilà un journaliste, Eric Zemmour, qui déclare "les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait". Et qui se retrouve cloué au pilori par quelques associations, qui ont même saisi la justice.

    Si on peut reprocher à cette phrase un certain amalgame entre les "français issus de l'immigration" et les "noirs et arabes" alors que ce sont deux notions différentes (il y a des noirs non issus de l'immigration, et tous les immigrés ne sont pas noirs ou arabes), là n'est pas le reproche essentiel qui est fait à Eric Zemmour : on lui reproche des propos "racistes".

    Or M. Zemmour ne fait que constater qu'il existe une forme de "délit de faciès". D'ailleurs il aurait pu ajouter, par exemple :

    • "les hommes sont plus contrôlés que les femmes parce que la plupart des trafiquants sont des hommes".
    • "les jeunes sont plus contrôlés que les plus de 70 ans parce que la plupart des trafiquants ont moins de 40 ans".
    • "les personnes habillées en costume-cravate sont moins contrôlées parce que la plupart des trafiquants ne sont pas en costume cravate". Pour l'anecdote il m'est arrivé de passer aux douanes de l'aéroport Charles de Gaulle dans plusieurs conditions :
      • des dizaines de fois, en revenant des USA, du Japon, de Corée, d'Inde, d'Iran pour déplacements professionnels : habillé en costume-cravate, je n'ai JAMAIS été contrôlé.
      • Une fois, en revenant d'une expédition dans les Andes, j'étais alors un peu sale, mal rasé, basané par le séjour en haute altitude, l'oeil probablement hagard en raison de la fatigue accumulée, le visage encore plus émacié par 3 semaines de nourriture liophilisée. Je portais un sac à dos et tirais une grosse valise à roulette (matériel d'alpinisme oblige). Eh bien j'ai été contrôlé, ma valise a été ouverte, un chien l'a reniflée, etc.

    Le douanier, qui ne peut contrôler tout le monde, doit essayer de "deviner" qui contrôler, pour essayer d'être plus efficace que du hasard pur. Il use de critères visuels, consciemment ou pas.  Et il se base sur des statistiques, les siennes propres, ou des statistiques non publiées mais réelles : monsieur Zemmour dans une réponse à la LICRA publiée par le point confirme ces propos avec force arguments : "la plupart" des délinquants des prisons sont bien issus de l'immigration. Il rappelle aussi qu'il n'a pas dit que "tous les noirs ou les arabes" sont des délinquants, ce qui eut été excessif, ni que c'est "parce qu'on est noir ou arabe" qu'on devient délinquant, ce qui eut été, pour le coup, scandaleux, raciste et donc intolérable.

    Le procès qui lui est fait est donc pour moi exagéré, et montre combien le débat sur ce sujet est rendu impossible par des associations qui véhicules une pensée irrationnelle est irréelle visant à tout prix à masquer une certaine réalité. Il y a semble-t-il plus d'immigrés ou de français issus de l'immigrations délinquants. La cause n'est certainement pas unique, c'est complexe, mais le débat ne portait pas la dessus. 

    Personnellement, j'apprécie le franc-parler de Monsieur Zemmour, et sa participation active au débat public. Je suis loin d'être toujours d'accord avec ses propos. Je pense cependant qu'un désaccord ne doit pas se régler devant un tribunal, mais par un débat. Et c'est justement de débats de qualité dont manque cruellement notre démocratie, sur ce sujet en particulier. Le ton monte immédiatement, on arrive dans du passionnel. Alors ne clouons pas le bec à ceux qui y contribuent avec sincérité, pour une fois.

  • Véhicule électrique, halte aux inepties

    nissan-land-glider-electrique.jpg

    On constate ces dernières semaines une augmentation du nombre d'articles sur le véhicule électrique. Chacun y va de sa réflexion, et je lis fréquemment des arguments même dans les journaux les plus sérieux, qui ne me semblent pas exacts. Ce qui frappe d’ailleurs c’est que beaucoup de critiques n’avancent pas beaucoup de scénarios alternatifs.

    Pour ma part, je crois que le pari technologique mérite d'être tenté, même si comme tout pari il comporte un risque. Mais c'est le risque qui fait avancer, pas le conservatisme.

    Je tente en tout cas dans cet article de donner quelques contre-arguments à 7 idées que j’ai pu lire ici et là sur le sujet.


    Idée n°1 : se poser en "contestataire" du véhicule électrique en disant qu'il ne remplacera pas le véhicule thermique
    Cet écueil est sans aucun doute du à la campagne de communication des constructeurs et leur mise en avant des futurs modèles électriques au Mondial de l'Auto.

     

    1. Mais qui a dit sérieusement ou écrit que l'électrique proposé aujourd'hui remplacera tout le thermique ? Le constructeur le plus optimiste, Renault, table sur 10% de parts de marché pour l'électrique en 2020. Ce qui signifie qu'il compte encore faire 90% de son business avec du thermique et donc qu'il continue à investir en R&D dans les motorisations thermiques. Avec le véhicule électrique, sont visées principalement les flottes type La Poste, et les "deuxièmes voitures" des familles, qui servent aux petits trajets. 
C'est en fonction des progrès de cette technologie, notamment en terme de prix et d'autonomie, qu'un jour peut-être l'électrique sera majoritaire sur le marché. Mais d'autres technologies arriveront peut être avant...
    2. Comme il est clair que le véhicule électrique d’aujourd’hui ne répond pas à la majorité des gens, si chacun juge par rapport à ses propres besoins, le discours majoritaire s’avère plutôt indifférent ou opposé au véhicule électrique… Il ne faut donc pas forger son jugement global uniquement par rapport à sa propre situation. Si on n'a besoin d'une voiture que pour des longs trajets, bien sûr qu'aujourd'hui le véhicule électrique ne répond pas.

    Idée n°2 : d'autres solutions comme la pile à combustible sont plus prometteuses.

    1. La pile à combustible pour prometteuse qu'elle soit (mais l'avis n'est pas partagé par tous en raison des problèmes de production et de stockage de l'hydrogène par exemple) n'est pas encore prête pour l'industrialisation à coût compétitif. Sinon ça se saurait et on en trouverait massivement sur le marché. Donc les deux technologies ne sont pas encore concurrentes.

    Idée n°3 : reprocher à l'électrique son manque d'autonomie

    1. L'électrique a indéniablement un problème de ratio autonomie / poids et autonomie / prix. Les batteries sont trop lourdes et trop chères. Mais ce n’est un problème majeur que si on est tombé dans l'écueil n°1 consistant à vouloir tout remplacer par de l'électrique : pour des 10% des usages (flottes, secondes voitures...), est-ce vraiment rédhibitoire ? 
    2. On lit ainsi des inepties du genre « les clients ne voudraient pas acheter une voiture répondant à 80% de leurs besoins. ». Comme si dans le cas des familles qui ont deux voitures, les deux voitures répondaient chacune à 100% des besoins de la famille ?

    Idée n°4 : reprocher au véhicule électrique le fait de déporter le problème du CO2 vers la production d'électricité

    1. On peut d'abord ce demander s'il est sain de résumer la pollution au seul CO2, l'urgence des mesures pour faire face au réchauffement l'effet du CO2 étant contestée. Les effets sanitaires de la pollution automobile sont plus liés aux particules, à l'ozone, au bruit, et autres polluants de "proximité". Et sur ce point, il est clair que le véhicule électrique apporte un plus.
    2. Cela dit, il est vrai que la voiture électrique repousse le problème énergétique vers celui de la production d'électricité. Mais regrouper deux problèmes (la pollution automobile et la pollution de la production d'énergie électrique) pour n'avoir à en traiter qu'un qu'on doit de toutes façons traiter est une approche stratégiquement pas idiote.

    Idée n°5 : la recharge des batteries contribuera à solliciter des centrales thermiques polluante (celles qui démarrent rapidement) pour faire face aux pics de charges induits

    1. N'oublions pas qu'à horizon 2020, en tablant sur 10% du parc, le besoin s'élèverait à 1% de production électrique en plus en France...
    2. L’effet invoqué est certes un risque, mais pour lequel des solutions existet. L'intelligence qui est imaginée dans les véhicules devrait plutôt contribuer à l'effet positif inverse, c'est à dire lisser la consommation. En effet le problème de l'électricité est qu'elle n'est actuellement quasiment pas stockée. Or les batteries des véhicules seront des stocks d'électricité qui pourront servir d’une part à fournir de l'électricité lors de pics de demande et a contrario absorber des surproductions lors des heures creuses. C'est en tout cas l'idée d'un projet lancé au Japon avec Nissan qui insère le véhicule électrique dans une "smart Grid". Les batteries des voitures pourraient ainsi servir à régler en partie le problème de la gestion des pics de consommation, qui coûte très cher car oblige à surdimensionner les capacités de production par rapport à la consommation moyenne.

    Idée n°6 : la production des batteries nécessite des ressources naturelles comme le lithium dont seuls quelques pays (Bolivie, Afrique du sud...) disposent en masse : on remplace donc une dépendance au pétrole par une autre dépendance.
    C'est vrai mais on peut pondérer :

    1. Le lithium des batteries devrait pouvoir être recyclé.
    2. La technologie des batteries évolue, et si la technologie se développe on peut espérer voir d'autres types de batterie émerger. Il en existe d’ailleurs déjà d’autres, sauf erreur.
    3. Le thermique ne disparaissant pas à court terme, la batterie devient un challenger du pétrole, donc la dépendance envers l'un et l'autre en est réduite, non ? La concurrence n’est elle pas plus saine ?

    Idée n°7 : se poser en contestataire de l’électrique en disant qu’il ne « résoudra pas le problème du CO2 »

    1. Personne de sensé ne dit cela. Tout au plus cela y contribuera un peu, cf arguments sur l'idée n°4.
    2. Mais réduire tout au CO2 est une ineptie d'intégriste du réchauffement climatique. Le véhicule électrique pourrait contribuer à résoudre d’autres problèmes bien plus concrets et bien plus immédiats, comme le bruit, la pollution de l’air en ville - qui n’est pas celle du CO2 mais des particules diesel, du SO2, NOx, etc.
  • La patate chaude

    La patate chaude qui brûle les doigts, c'est le dossier pourri qu'on se refile au boulot, le dossier que personne ne veut gérer, et qu'on transfère de service en service, de responsable en responsable...

    C'est ainsi de la dette, la dette que les banques privées ont refilé aux Etats, et que les Etats vont refiler aux particuliers en baissant les prestations sociales...

    C'est ainsi du déficit, le déficit des retraites que le projet de loi Sarkozy/Fillon va refiler à l'assurance chômage en prolongeant le statut de chômeur des plus de 55 ans jusqu'à 62 ans...

    Bref, avec Chirac, c'était "mangez des pommes", avec Sarko c'est "faites tourner la patate !"

     

  • Le Grenelle de l'environnement est-il du grand n'importe quoi ?

    On nous a assommé avec la réduction du CO2 lors du dernier sommet de Copenhague l'automne dernier qui n'a finalement rien donné ou presque.

    Mais qu'avait-on fait quelques années avant, en France, avec le Grenelle de l'environnement ? Favorisé une énergie qui produit du CO2, le gaz, au détriment d'une autre, le nucléaire, qui n'en produit presque pas. C'est en tout cas ce que prétend l'article édifiant de Rémy Prud'homme, publié par Les Echos.

    Sans rentrer dans la guéguerre gaz - nucléaire, la politique énergétique doit-elle se résumer à une lutte entre lobbies gaziers et nucléaires ? Quelle est la politique française en la matière ? Priorité au CO2 ou à la réduction des risques et déchets nucléaires ?