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  • Faut-il dégraisser le mammouth ?

    Le PS de Boulogne-Billancourt, dans un article de son blog, fustige les réductions d'effectifs dans l'éducation nationale planifiées par le gouvernement. L'auteur y dénonce "deux idées reçues", mais malheureusement fait appel lui-même à des raisonnements faux...

    1570165132.jpg

    Ainsi, il écrit : "Première idée fausse : l’éducation nationale ne souffre pas d’un manque de moyens, mais d’un manque d’organisation. C’est faux parce que des études montrent que dans les zones d’éducation prioritaire passer de classes de 30 à 20 élèves diminue de 40% le risque d’échec. Pour y parvenir, il s’agit bien de moyens humains que l’on décide ou non de déployer."

    Or ce n'est pas parce que les ZEP manquent de moyens que l'éducation nationale dans son ensemble en manque : on peut imaginer un re-déploiement, par exemple réduire les effectifs des zones aisées pour renforcer les ZEP... Même si celà grognerait dans le camp des enseignants, qui ne doivent pas se battre pour aller dans les ZEP...

    Il écrit ensuite : "Deuxième idée fausse : nous dépensons plus que n’importe quel autre pays pour notre éducation. Regardons notre université : nous y mettons moitié moins de moyens par étudiants que l’Allemagne. Et lequel des deux pays réussit le mieux sa mutation vers cette économie des savoirs, avec des produits et prestations à forte valeur ajoutée, et ce malgré des coûts de main d’oeuvre sensiblement supérieurs aux nôtres ? Qui a une balance commerciale fortement excédentaire ? Vous l’aurez compris d’autres font mieux et ne semblent pas s’en porter plus mal."

    Il est vrai que nous ne sommes pas les plus dépensiers par étudiant, et que l'Allemagne a un commerce extérieur en meilleur santé que la France. Mais il y a 2 affirmations fausses :

    • 1641137884.jpgD'abord, la comparaison avec l'Allemagne des moyens pour les universités : le site Eurostat donne les dépenses annuelles pour l'éducation dite tertaire en 2004 : Allemagne : 10237 €/élève/an ; France : 9134 €/élève/an. 10237 n'est pas égal à deux fois 9134. Donc soit l'écart s'est beaucoup agrandi depuis 2004, soit le PS n'a pas une bonne calculette, soit je n'ai pas compris de quoi on parlait (çà peut arriver). Il est vrai cependant qu'en France, le tertaire inclut les Grandes Ecoles peut-être mieux dotées.
      En fait ce qui est criant et que montre le graphe ci-contre (cliquer pour agrandir) c'est que nous dépensons trop dans le secondaire, pas assez dans le primaire, mais surtout pas assez dans le tertaire par rapport à des pays "qui marchent dans l'innovation" comme la Finlande, le Japon, les USA. Il y a donc un redéploiement important à faire au bénéfice des universités, je ne sais pas si le plan Pécresse va suffisamment loin.
    • 1472094079.jpgAutre point erroné : le coût de main d'oeuvre serait plus élevé en Allemagne. Or comme le montre le graphe ci contre (cliquer pour agrandir) :
      • il est nettement plus faible en Allemagne dans le domaine des services, et l'écart se creuse,
      • il est identique dans le domaine de l'industrie en 2006, l'Allemagne dont les coûts étaient supérieurs en 2000, s'étant beaucoup serré la ceinture entre 2003 et 2005. J'ai même entendu dire qu'en 2007 l'Allemagne était passée à des coûts inférieurs à la France.

    Je profite de cette note pour faire la publicité du site Eurostat qui contient une vraie mine de statistiques sur les pays européens : les amateurs de chiffres apprécieront. Le PS devrait d'ailleurs le consulter un peu plus, car en l'état, ce ne sont pas des arguments un peu trop idéologiques qui vont m'aider à me faire une idée claire sur les réformes à faire dans l'éducation nationale .

  • Emploi : un bon cru en 2008 ?

    367157701.jpgLe Figaro publie aujourd'hui un article optimiste (il a fallu que je le cherche bien dans l'actualité du moment !)

    2008 devrait être un bon cru pour l'emploi

    L'article indique cependant que les entreprises ont de plus en plus de mal à trouver les bonnes compétences et qu'un recrutement n'est pas un forcément un emploi supplémentaire car certains correspondent à des transferts de salariés dans la même entreprise, d'autres à une mobilité salariale d'une entreprise vers une autre.

    Je suis par contre étonné qu'il ne mentionne pas aussi le phénomène "papy-boom", c'est à dire que des embauches sont aussi effectuée pour compenser les départs à la retraite massifs des enfants du baby-boom : le nombre de départs à le retraite augmente, et donc mécaniquement, le nombre de recrutements augmente aussi. Le taux de chômage devrait lui-aussi baisser à grâce à ce phénomène, mais espérons que si le progrès ne pas dépasse pas cette amélioration mécanique, le gouvernement n'ira pas jusqu'à clamer que c'est grâce à sa politique...

     

  • OGM : vote à l'assemblée aujourd'hui

    Finalement, deux amendements restreignant les cultures OGM au respect "des structures agricoles, des écosystèmes locaux, et des filières de production et commerciales sans OGM " (amendement 252), et "de l'intégrité de l'environnement et [de] la spécificité des cultures traditionnelles et de qualité" ont été adoptés. Placés au début du texte, ils ont une portée symbolique importante, mais leur déclinaison concrète est restrictive. Les parcs naturels ne pourront bannir les OGM qu'avec l'accord unanime des agriculteurs concernés. Et les zones d'AOC pourront seulement "proposer des mesures de protection renforcées" à l'administration. La directive européenne proscrit en effet l'interdiction des OGM sur des zones géographiques, au nom du libre choix des agriculteurs. (source  : Le monde.fr)

    L'amendement 252, proposé par le PCF a pu être voté grâce à l'absence de nombreux députés UMP lors du vote, et à un ralliement de 3 ou 4 d'entre eux qui a fait basculer la majorité des présents.  Tout ceci a généré quelques tensions au sein de l'UMP, dont Le Monde donne un nouvel éclairage dans cet article : Mme Kosciusko-Morizet est visiblement agacée. Espérons que pour une fois qu'une secrétaire d'état semble capable de comprendre les dossiers qu'elle gère, elle ne fasse pas les frais de conflits internes.

    Et si le texte est voté à l'assemblée avec ces amendement, la seconde lecture au Sénat risque d'être un retour arrière, c'est en tout cas ce que semble avoir "promis" François Fillon : les sénateurs UMP sont plus droits dans leurs bottes que les députés...

    A suivre...

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  • La fin du low-cost ?

    Deux phénomènes sont remarquables ces temps-ci :

    • D'une part une croissance folle en Chine et en Inde et d'autres pays émergent, croissance qui s'accompagne de tensions sur les marchés des matières premières (pétrole, mais aussi acier, riz...) dont les prix grimpent à vitesse grand V en raison de la demande croissante et une offre qui ne suit pas...
    • D'autre part, un développement social de ces pays, avec par exemple des Grève à l'usine Dacia en Roumanie, à l'usine Nike Ching Luh Shoes au Vietnam, et l'adoption fin 2007 par la Chine d'une législation sociale d'inspiration européenne.

    Les pays dits "low-cost" vont-ils donc se rapprocher des "high costs" plus vite qu'on ne pourrait le penser ? Si tel était le cas, celà créerait potentiellement deux crises :

    • crise environnementale, car l'état de l'art technologique et encore plus les technologies mises en oeuvre dans les pays low cost ne permettent pas un développement "propre"
    • crise inflationiste, possible mais jugée peu probable à court terme d'après les économistes, car les revendications salariales dans les pays low-cost seraient en fait compensées par des gains de productivité.

    Si les conséquences semble difficilement prévisibles, il semble clair cependant que nous entrons dans une nouvelle économie de la rareté : on peut alors s'attendre à un repli sur soi des pays qui vont réduire leurs exportations pour se servir d'abord (comme l'Egypte pour le riz), repli sur soi dont les états très dépendants des importations risqueraient de pâtir...

    La France par exemple, prendrait alors peut-être massivement conscience de l'intérêt de son électricité nucléaire et revaloriserait peut-être son agriculture, mais pâtirait sûrement d'un cruel manque de certains minerais et industries primaires associées.

    A suivre...

  • Capitalisme, morale et éthique

    Dans une interview au Figaro, Michel Rocard déclare que "Le capitalisme est cruel, efficace et instable". Il trouve aussi que depuis quelques dizaines années il est immoral et manque d'éthique, et mentionne par exemple le salaire des dirigeants comparé à celui des salariés. Il fait à mon avis une confusion des genres, ou plutôt des "ordres", pour reprendre le vocabulaire de l'ouvrage "Le capitalisme est-il moral ?" d'André Comte-Sponville, que je vais tenter de résumer.

    Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, l'auteur n'y développe pas une théorie selon laquelle le capitalisme serait im-moral c'est à dire contraire à la morale. Ni non plus une théorie selon laquelle il serait moral. Non : pour lui il est a-moral, c'est à dire ignore la morale. Concrètement, il fait une distinction que je trouve éclairante, entre plusieurs "ordres" :

    1. 760024041.jpgl'ordre technico-scientifique : ce qui est vrai ou faux, possible ou impossible. Cet ordre doit être contraint par un ordre supérieur qui lui dit ce qui est autorisé ou non :
    2. l'ordre juridico-politique : ce qui est légal ou pas dans la loi des hommes. Mais on peut être un "salaud" légaliste, il y a donc un ordre supérieur :
    3. l'ordre moral : ce qui est bien ou mal. Comte-Sponville distingue encore deux ordres supérieurs :
    4. l'ordre éthique : ce qu'on aime ou pas
    5. l'ordre divin, propre aux croyants

    La charte éthique du Modem se situe un peu aux niveaux 3/4.

    La confusion entre les ordres est néfaste, elle peut prendre deux formes : barbarie ou angélisme.

    La barbarie c'est le pouvoir d'un ordre inférieur sur un ordre supérieur comme par exemple :

    1. la tyrannie libérale : le capitalisme qui impose sa loi sur le politique (Monsanto qui corromprait des politiques pour imposer les OGM, pure fiction rassurez-vous)
    2. la tyrannie démocratique, qui proclamerait que tout ce qui est légal ou règlementaire est bien, est moral (Etre un salaud légaliste, qui profite des failles du système, ou se retranche derrière de l'administratif pour justifier son immoralité)
    3. la tyrannie du politicien sur le moral (être prêt à tout pour avoir des élus)

    L'angélisme c'est la tyrannie d'un ordre supérieur, qui tend à annuler les contraintes d'ordre inférieur, comme par exemple :

    1. L'angélisme politique, qui prend la forme du volontarisme, par exemple vouloir enfouir une avenue en ignorant les contraintes techniques et économiques,
    2. L'angélisme moral, qui consiste à transformer des problèmes politiques en problème moraux, le meilleur moyen de ne pas les traiter sur le long terme. Par exemple ne plus croire en la politique, vouloir tout traiter tout par le biais d'ONG : le racisme ? SOS racisme ; la misère ? Les restos du coeur ; la guerre ? L'action humanitaire, Médecins sans frontières, etc.
    3. L'angélisme éthique, qui prétend annuler les contraintes de la morale voire des trois premiers ordres au nom de l'amour. C'est par exemple l'idéologie Peace and Love des années 70.

    Ainsi poser la question "le capitalisme est-il moral" comme le fait indirectement Michel Rocard, c'est mélanger le premier ordre au troisième, et court-circuiter au passage l'ordre politique. Or le capitalisme n'a que faire de la morale, et c'est normal : le but des acteurs du marché en tant que tels est de de faire du profit, "créer de la valeur". Le marché capitaliste (financiers, entreprises, actionnaires, investisseurs...) non biaisé par de la corruption ou une situation de monopole est guidé par ce que les clients demandent, dans le respect des lois. Pas par la morale ou l'éthique. Toyota ne fait pas de voitures hybrides par éthique, mais bien car il espère avoir une clientèle pour celà.

    Individuellement, chacun d'entre nous oscille en permanence entre les logiques de ces 4 ou 5 ordres, c'est ce qui fait la difficulté des décisions. Distinguer les ordre et éviter les "barbaries" ou l'angélisme me semble souvent salutaire.