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Faut-il dégraisser le mammouth ?

Le PS de Boulogne-Billancourt, dans un article de son blog, fustige les réductions d'effectifs dans l'éducation nationale planifiées par le gouvernement. L'auteur y dénonce "deux idées reçues", mais malheureusement fait appel lui-même à des raisonnements faux...

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Ainsi, il écrit : "Première idée fausse : l’éducation nationale ne souffre pas d’un manque de moyens, mais d’un manque d’organisation. C’est faux parce que des études montrent que dans les zones d’éducation prioritaire passer de classes de 30 à 20 élèves diminue de 40% le risque d’échec. Pour y parvenir, il s’agit bien de moyens humains que l’on décide ou non de déployer."

Or ce n'est pas parce que les ZEP manquent de moyens que l'éducation nationale dans son ensemble en manque : on peut imaginer un re-déploiement, par exemple réduire les effectifs des zones aisées pour renforcer les ZEP... Même si celà grognerait dans le camp des enseignants, qui ne doivent pas se battre pour aller dans les ZEP...

Il écrit ensuite : "Deuxième idée fausse : nous dépensons plus que n’importe quel autre pays pour notre éducation. Regardons notre université : nous y mettons moitié moins de moyens par étudiants que l’Allemagne. Et lequel des deux pays réussit le mieux sa mutation vers cette économie des savoirs, avec des produits et prestations à forte valeur ajoutée, et ce malgré des coûts de main d’oeuvre sensiblement supérieurs aux nôtres ? Qui a une balance commerciale fortement excédentaire ? Vous l’aurez compris d’autres font mieux et ne semblent pas s’en porter plus mal."

Il est vrai que nous ne sommes pas les plus dépensiers par étudiant, et que l'Allemagne a un commerce extérieur en meilleur santé que la France. Mais il y a 2 affirmations fausses :

  • 1641137884.jpgD'abord, la comparaison avec l'Allemagne des moyens pour les universités : le site Eurostat donne les dépenses annuelles pour l'éducation dite tertaire en 2004 : Allemagne : 10237 €/élève/an ; France : 9134 €/élève/an. 10237 n'est pas égal à deux fois 9134. Donc soit l'écart s'est beaucoup agrandi depuis 2004, soit le PS n'a pas une bonne calculette, soit je n'ai pas compris de quoi on parlait (çà peut arriver). Il est vrai cependant qu'en France, le tertaire inclut les Grandes Ecoles peut-être mieux dotées.
    En fait ce qui est criant et que montre le graphe ci-contre (cliquer pour agrandir) c'est que nous dépensons trop dans le secondaire, pas assez dans le primaire, mais surtout pas assez dans le tertaire par rapport à des pays "qui marchent dans l'innovation" comme la Finlande, le Japon, les USA. Il y a donc un redéploiement important à faire au bénéfice des universités, je ne sais pas si le plan Pécresse va suffisamment loin.
  • 1472094079.jpgAutre point erroné : le coût de main d'oeuvre serait plus élevé en Allemagne. Or comme le montre le graphe ci contre (cliquer pour agrandir) :
    • il est nettement plus faible en Allemagne dans le domaine des services, et l'écart se creuse,
    • il est identique dans le domaine de l'industrie en 2006, l'Allemagne dont les coûts étaient supérieurs en 2000, s'étant beaucoup serré la ceinture entre 2003 et 2005. J'ai même entendu dire qu'en 2007 l'Allemagne était passée à des coûts inférieurs à la France.

Je profite de cette note pour faire la publicité du site Eurostat qui contient une vraie mine de statistiques sur les pays européens : les amateurs de chiffres apprécieront. Le PS devrait d'ailleurs le consulter un peu plus, car en l'état, ce ne sont pas des arguments un peu trop idéologiques qui vont m'aider à me faire une idée claire sur les réformes à faire dans l'éducation nationale .

Commentaires

  • Bonjour,

    Je me permet de faire quelques commentaires au commentaire de mon article. Concernant les dépenses à l'université
    (source http://www.education.gouv.fr/regards/telecharger/ap/ap_ru2.pdf)
    , elles sont en France en 2003 de 6820 € par élève et par an (13170 € pour un élève en classe préparatoire aux grandes écoles) quand l'Allemagne en dépense 10237 € : un écart certes inférieur à deux fois mais qui pose question.
    Quant aux coûts de main d'oeuvre, ils doivent être pris dans leur globalité, avec l'ensemble de leurs charges. Le plus parlant est de regarder un guide sur des coûts d'implantation récent (2008) assez instructif (http://www.investincanada.gc.ca/download.aspx?id=711). On y voit que les écarts de coûts entre la France et l'Allemagne sont au moins de 10%, parfois plus dans certains secteurs : c'est ce que l'appelle un écart sensible. Et pour autant, l'industrie Allemande se porte bien mieux que la nôtre.
    Je te remercie de publier ma réponse dans un esprit de débat constructif.

    Cordialement,

    Xavier DUPLAT

  • @Xavier Duplat
    Bonjour,

    Pas de censure sur mon blog a priori : c'est un lieu de débat (pas encore assez! ), pas de propagande. Donc au contraire, merci pour la réponse !

    1) Concernant le coût d'un élève en université, il me manquait en effet le coût détaillé par type d'enseignement.
    Mais pour moi, la comparaison "université allemande" vs "université française" me semble biaisée, car l'équivalent des grandes écoles Française se retrouve en Allemagne dans les universités, les périmètres ne sont donc pas les mêmes.
    Chaque système éducatif étant organisé différemment suivant les pays, on ne peut pas comparer les choses uniquement car elles ont le même nom : le plus simple est quand même de comparer globalement sur une tranche d'âge ou une filière (BAC+2, BAC+4, BAC+5), ce sont les chiffres que j'ai mis.

    Mais j'espère que nous sommes d'accord sur une conclusion : nous n'investissons pas assez sur l'enseignement supérieur, alors que c'est pourtant ce qui doit permettre d'avoir des chercheurs qui trouvent et des industries qui innovent et donc créent des emplois.
    A cet égard, je crois pour ma part qu'il faut une filière d'excellence d'où doivent sortir les inventeurs et les innovateurs de demain. Les grandes écoles ne sont pas assez tournées sur la recherche et l'innovation technologique, mais elles recrutent les meilleurs à la sortie du bac : il y a là un problème.


    2) Concernant le coût de main d'oeuvre, je n'arrive malheureusement pas à ouvrir le fichier en lien. Mais je confirme que mes chiffres sont bien des coûts totaux pour l'employeur. Ce sont des coûts horaires, qui prennent en compte le temps de travail.
    Par ailleurs je sais que dans l'industrie automobile, l'écart s'est beaucoup resserré et les allemands sont même peut-être moins chers aujourd'hui que les Francais en taux horaire.

    Sur le plan global tous secteurs confondus (y compris hors industrie), d'autres sources confirment d'ailleurs que le travail est plus cher par heure en France qu'en Allemagne: http://www.lentreprise.com/3/1/2/article/13212.html

    Cordialement
    WM

    NB : ma source eurostat :
    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page?_pageid=1996,45323734&_dad=portal&_schema=PORTAL&screen=welcomeref&open=/labour/lc/lcan&language=fr&product=EU_MASTER_labour_market&root=EU_MASTER_labour_market&scrollto=45

  • Merci pour la publication de la réponse.
    On est effectivement d'accord sur le 1°)
    Pour le 2°) le lien ne fonctionne pas parce qu'il a pris dans l'URL la parenthèse fermante :
    regarder donc à http://www.investincanada.gc.ca/download.aspx?id=711.

    Cordialement,

    XD

  • Ca y est j'arrive à lire, merci. Intéressant, mais
    1) La méthode de calcul des indices n'est pas décrite précisément
    2) Page 4 tout en bas, dans la note de bas de page, il est précisé que le chiffre 2008 est le résultat de données examinées entre 2002 et 2006 : sont-ce vraiment des données récentes ?
    3) Par ailleurs les échantillons examinés et mentionnés page 5 et suivantes semblent assez limités...

    Comment expliquer les écarts avec Eurostat sur les coûts de main d'oeuvre ?

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