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  • Le tabou de la démographie

    Le Grenelle c’est bien (si c’est mis en pratique). Mais cela ne concerne que la France, qui représente bien peu de choses à l'échelle mondiale. Or une analyse des émissions de CO2 à l’échelle mondiale qui me semble assez pertinente est celle qui consiste à décomposer d’abord les émissions de CO2 mondiales en 4 facteurs selon la formule du japonais Kaya :

    equation.jpg

    • CO2 : Tonnes CO2 émises ;
    • TEP : Energie primaire consommée (TEP=Tonne Equivalent Pétrole) ;
    • PIB : Produit Intérieur Brut mondial ;
    • POP : Population mondiale.

    Les 4 facteurs sont donc :

    • CO2/TEP : c'est le CO2 émis par quantité d’énergie consommée. Il baisse avec l’augmentation de technologie propres, et le taux d’énergies renouvelables. On parle d'intensité CO2 de l'énergie ;
    • TEP/PIB : est la quantité d’énergie primaire consommée par montant de biens et de services produits : l'intensité énergétique du PIB. Ce taux baisse avec l’optimisation de la consommation énergétique : isolation des bâtiments, industries, véhicules économes…
    • PIB/POP est la productivité, i.e. le PIB par habitant. Il est lié au taux d’emploi et à l’efficacité collective des travailleurs ;
    • POP est la population mondiale.

    Regardons maintenant les variations de ces différentes données et facteurs depuis 1970. Pour pouvoir comparer les évolutions, on « normalise » tout à une valeur 1 en 1970, ce qui revient à systématiquement diviser tous les nombres par leur valeur en 1970. Cela permet de comparer les évolutions en pourcentage. On obtient les courbes suivantes :

    Evolution.png

    Ce qui apparait clairement sur ces courbes, c’est :

    1. que les progrès effectués depuis 30 ans en terme de réduction de la pollution et d’économies d’énergies (courbe CO2/PIB en pointillé marron) compensent à peine la croissance de la productivité (PIB/habitant), mais en tout cas pas la croissance démographique : la production de CO2 a cru ainsi à la même vitesse que la démographie
    2. que les émissions de CO2 par habitant (CO2/POP) ont été quasi-constante depuis 1970 : elles ont même une fâcheuse tendance à augmenter ces dernières années, sans doute à cause du développement des pays émergents.
    3. Une accélération de la consommation énergétique et de la pollution CO2 depuis 2000 (fin des courbes bleue et rouge), là aussi probablement liée à la croissance de pays émergents comme la Chine.

    Si on extrapole jusqu’en 2050 tous les facteurs sans prendre en compte cette accélération récente, et en intégrant un ralentissement de la croissance démographique prévu par les experts, on obtient pour 2050 des émissions CO2 3,4 fois supérieures à celle de 1970. Cela signifie que pour revenir au niveau de pollution de 1970, toutes choses égales par ailleurs, il faudrait que nous réduisions mondialement l’intensité CO2 de l’énergie 10 fois plus vite que depuis 1970 : -3% par an au lieu de -0,3%/an... Vaste challenge car basé sur un pari sur la technologie et les comportements individuels mondiaux.

     

    Et si nous n'y arrivons pas ? Ce sont probablement les autres facteurs qui vont être réduit : le PIB par habitant et/ou la population...

     

    D'ailleurs, pour réduire la pollution, une politique de réduction démographique au niveau mondial resterait peut-être le complément le plus sûr de réduire les émissions de CO2 car indépendant d’un pari sur des progrès technologiques. Mais c’est un sujet difficile et tabou que personne n’ose aborder, considérant que la démographie est une donnée d’entrée. Pourtant, la surface de la terre est finie, et il y a une limite à la population mondiale : soit la nature des choses nous imposera cette limite via des famines, des guerres, épidémies, etc. soit il faut que la communauté mondiale s’en soucie sérieusement.
    (Sources : article du président du groupe X-environnement sur le site de l'assemblée nationale, que je vous recommande même si je ne suis pas d'accord avec tout ;  article publié sur le site de l'upmf)
  • Pétrole : un problème de débit

    On se souvient tous des problèmes de robinets sur lesquels nous avons planché à l'école primaire... La crise du pétrole n'est pas loin d'être un problème similaire.

    En effet il y a encore quelques années, le discours se voulait rassurant : il y a encore du pétrole pour 100 ans, pas la peine de s'inquiéter, il suffit de payer un peu plus en R&D (recherche & développement) pour aller le chercher plus profond ou moins pur.

    104659618.pngMais il y a deux limites désormais bien reconnues à ce raisonnement :

    Première limite : l'économie du pétrole se base sur le "débit" = la production annuelle. Si la demande augmente mais pas le débit, il y a problème, et ce indépendamment des réserves : la taille du puit n'est pas la taille du seau pour sortir l'eau du puit. Comme le montre le graphe ci contre, la crise ne commencera donc pas le jour ou la dernière goutte sortira d'un puit (point n°3), mais bien avant. On identifie classiquemet aujourd'hui ce qu'on appelle le "pic de production" (point n°2) i.e. le jour où la production commencera à décroître. Le problème survient un peu avant (point n°1), lorsque la production commence à ne plus satisfaire la croissance du besoin. J'ai situé ce point en 2007 mais les experts ne sont pas tous d'accord sur les dates. A noter que les  réserves extractibles sont représentées par la surface en gris.

    Seconde limite : augmenter le débit (augmenter la hauteur du pic de production) et augmenter les réserves de pétrole extractibles (reculer la date de la dernière goutte) n'est pas qu'une question d'investissement dans la prospection : à partir du moment où pour produire une tonne de pétrole il faut physiquement une quantité d'énergie supérieure à une tonne équivalent pétrole (TEP), il n'y a pas vraiment lieu de l'extraire car le bilan énergétique est négatif...

    L'écart entre le besoin et la production de pétrole (courbes bleue et verte) doit donc être progressivement comblé par des autres énergies. Il s'agit bien des autres énergies : car contrairement à ce qu'on a voulu nous faire croire, le pétrole n'aura pas un remplaçant, mais une multitudes de remplaçants : économies d'énergies, nucléaire (un certain temps seulement car tout le comme le pétrole l'uranium est en stock limité), soleil, vent, gravité (barrages), géothermie, biomasse... des solutions variées plus ou moins adaptés suivant les régions et les types de besoins. A plus long terme peut-être que la fusion nucléaire offrirait une énergie quasi illimitée, mais rien n'est moins sûr (c'est l'ambition du projet ITER, qui laisse certains scientifiques sceptiques, mais qui a mon sens vaut sans doute le coup d'être tenté tant un résultat positif révolutionnerait le domaine de l'énergie, et à condition que celà n'empêche pas d'investir à plus court terme pour remplacer le pétrole)

    Sur le sujet je ne saurais que recommander l'ouvrage "la vie après le pétrole" qui me semble être une bonne synthèse.

    Et pour terminer, un petit zoom sur le problème actuel des bio-carburants : alors que (presque) tout le monde préconisait l'usage de bio-éthanol il y a peu, voilà que les écologistes manifestent contre les bio-carburants accusés de tous les maux notamment la hausse des prix du blé, du maïs... C'est un peu vrai et c'est lié à des excès comme au Brésil ou aux Etats-Unis. Mais utilisé comme celà est préconisé par exemple en Europe en exploitant au mieux les terres en friche (sans dépasser quelques % de la production je crois), celà ne génèrerait pas ce type de problème. De grâce, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain... Il faudrait d'ailleurs aussi appliquer les mêmes règles que pour l'alimentaire en ce qui concerne les pesticides et engrais de façon à garder les terres utilisables pour l'alimentaire si besoin (réversibilité), mais c'est encore un autre sujet...