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  • Plan Renault

    5 à 6000 suppressions d'emploi en France, dont 1000 à l'usine de Sandouville liés au passage à 1 équipe (2 actuellement). C'est l'estimation du nombre de départs volontaires induits par les mesures annoncées la semaine dernière par Carlos Ghosn, PDG de Renault.

    Celui-ci a annoncé qu'il n'atteindrait probablement pas le dernier des 3 objectifs de son "contrat 2009", à savoir +800 000 véhicules vendus/an, et ce en raison principalement de problèmes de production en Iran et de la chute du marché Européen, Espagne et Italie en tête.

    Les deux premiers objectifs (qualité de la Laguna dans le top 3, marge opérationnelle de 6%) sont toujours d'actualité pour 2009, mais une économie de l'ordre de 350M€ serait nécessaire pour atteindre 6% de marge opérationnelle en 2009.

    Pour un chiffre d'affaire de l'ordre de 40 milliards d'euros, l'ojectif de 6% de marge opérationnelle représente 2,4 milliards d'euros. Peut-on proposer le départ de 5000 personnes pour économiser 350M€ et faire passer une marge opérationnelle de 2,05 à 2,4 milliards d'euros, surtout quand on dit qu'il s'agit de traverser une "tempête passagère" ? Tout celà pour respecter un engagement pris il y a un peu plus de 2 ans et pour devenir "le constructeur généraliste le plus rentable" ? On peut se poser la question, même s'il faut relativiser car :

    • l'industrie automobile est dans un contexte difficile qui devrait voir des fusions ou rapprochements, et les entreprises qui ne veulent pas se faire racheter se doivent de maintenir une bonne rentabilité pour maintenir une action haute, faute de devenir OPAbles...
    • il s'agit de départs volontaires (en tout cas pour l'instant)

    Il est pas contre curieux de lire partout dans la presse que les modèles Renault ne se vendent pas bien, alors que les volumes ont augmenté de +4,3% en 2008 dans un contexte pourtant difficile, même si la Laguna III, dont les qualités sont reconnues, ne se vend pas aussi bien que prévu (60000 vendus en 1 semestre pour un obectif annuel à 160 000), sans doute à cause de la dégradation du segment des grosses berlines notamment due à la prise de conscience environnementale des consommateurs.

  • Nouvelle carte militaire : une réforme courageuse ?

    On peut critiquer la méthode un peu brutale, le choix des sites à fermer (la rumeur voudrait d'ailleurs qu'un certain chantage à la fermeture de garnison ait été fait au moment du vote de la réforme constitutionnelle...) , mais il me semble -sans être expert- que la réforme de la carte militaire présentée aujourd'hui est pleine de bon sens :

    • Réduire les effectifs pour avoir du matériel en état de marche à budget total équivalent
    • Adapter la répartition géographique (la concentration des garnisons le long de l'ancien ennemi historique allemand n'a plus de sens)

    Comme toute restructuration, elle ne fait pas que des heureux. Espérons que les mesures d'accompagnement du changement seront à la hauteur des dommages créés par la disparition dans certaines communes d'une part très importante des emplois et des clients locaux. C'est ce dont on peut douter, car 320 millions pour compenser 54000 suppressions de postes, celà fait 6000€ par poste supprimé. Pas Bezef.

     

  • Temps de travail des cadres et délocalisations

    Une loi est en cours de ratification et devrait être ratifiée ce soir : le passage à un temps travail annuel de 235 jours pour les cadres au forfait de jours. La loi vise à instaurer un temps de travail maximum qui supprime tous les RTT et tous les jours férié sauf l'un d'entre eux, le 1er mai par exemple.

    Pourquoi les cadres sont-ils aujourd'hui dans le collimateur de Sarkozy et des  dirigeants d'entreprise ?

    C'est assez simple. Les technologies se complexifient, et donc nécessitent plus d'ingénieurs d'études. Leur coût se voit donc plus dans les comptes de résultats. Et les dirigeants s'intéressent donc de plus en plus à leur optimisation pour améliorer les profits. Ainsi, tout comme le taylorisme et ses dérivés l'ont fait jadis pour les ouvriers, on s'intéresse maintenant à "optimiser", "industrialiser" le travail des cadres : méthodes, processus formalisés, certifications.... leur fonction se mécanise, il deviennent des "ouvriers intellectuels".

    Il y a en outre un double intérêt à formaliser et mécaniser: au delà du gain en productivité, un travail bien cadré et bien formalisé est plus facilement délocalisable. Et pas besoin d'être polytechnicien pour comprendre qu'il est plus facile de délocaliser 1000 ingénieurs qui ne nécessitent chacun qu'un bureau et un ordinateur et produisent des documents informatiques partageables instantanément dans le monde entier, plutôt que de délocaliser une usine dont la construction implique des investissements industriels, des infrastructures routières, des fournisseurs. Ainsi voit-on des entreprises délocaliser les développements informatiques en Inde, une partie de leur ingénierie, et ce beaucoup plus facilement que leurs usines.

    Comment lutter ?

    Pas par du protectionisme. Car si contre la délocalisation des usines on peut imaginer un protectionisme douanier, sur la production de travail intellectuel dématérialisé, c'est impossible. Ainsi les propositions de "protectionisme européens", qui pourraient sauver des emplois ouvriers en France, ne seraient probablement pas efficaces pour sauver des emplois d'ingénierie.

    Faute de vouloir envisager une réduction de salaires comme l'a fait l'Allemagne, on augmente le temps de travail, ce qui certes augmente la productivité apparente, mais détruit des vies de famille, voire des vies tout court (stress, anxiété, dépression). L'augmentation du temps de travail des cadres est surtout non officielle via le concept de "forfait jour". Les cadres qui ne pointent pas atteignent fréquemment les 50 voire 60 heures par semaine.
    Or aujourd'hui, un jeune cadre kinenveut qui fait 50 heures par semaine (10h/jours) pour 30 000€ par an, s'il travaille comme actuellement 218 jours, travail pour un tarif horaire de 12€ (au lieu de plus de 19€ s'il ne travaillait que 35h/semaine).  S'il travaille 10 heures le week-end en plus car il a des objectifs ambitieux à atteindre, le tarif horaire descend à 11 euros. L'écart se resserre avec le SMIC, qui est à 8,71€/heure ! Et de plus, malgré ces efforts qui ruinent des vies personnelles, le coût d'un ingénieur européen restera bien supérieur à celui d'un ingénieur indien. Si ce dernier a les mêmes compétences, ce qui est de plus en plus le cas, rien ne pourra donc empêcher les délocalisations.

    On peut être optimiste et se dire que cette phase sera transitoire, le temps que le monde s'équilibre et les salaires s'homogénéisent : c'est déjà un peu le cas, et en Inde les salaires grimpent vite. Mais si pendant cette phase transitoire nous -français, européens- perdons nos compétences de pointe car nous les délocalisons, nous ne préparons pas un futur facile, c'est un euphémisme : lorsque les salaires seront équilibrés nous serons alors moins compétents et donc moins compétitifs. Une page aura été tournée, celle de la supériorité technologique du monde "occidental".  Il faut en tout cas défendre le maintien d'une industrie en Europe.

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