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Affaires étrangères - Page 2

  • Bush bientôt communiste ?

    Après la nationalisation de 2 fonds hypothécaires (Fannie Mae et Freddie Mac) pour limiter la casse liée à la crise des Subprime, l'administration Bush vien de franchir un nouveau pas, en annulant l'appel d'offre pour les ravitailleurs de l'US Army, gagné par EADS-Northrop Grumman (Airbus). Raison : probablement pour permettre à Boeing de revenir dans la course : le libéralisme et la concurrence, c'est bien, mais seulement si on est sûr de gagner...

    Un (nouveau) bel exemple de la "cohérence" entre la théorie et le pratique.

    McCain va-t-il proposer de nationaliser Microsoft, Google et Yahoo ?

    source : lepoint.fr

     

  • Soylent Green

    La croissance des pays émergents a un point positif et non des moindres : elle contribue à augmenter le niveau de vie moyen des pays émergents, à réduire l'écart avec les pays occidentaux.

    Malheureusement, elle est à l'origine de pas mal de problèmes aussi. J'ai tenté d'en résumer les mécanismes dans le graphique de synthèse ci-contre. N'hésitez pas à commenter pour que tout cela se peaufine et s'enrichisse.

    On voit, sur le schéma, des effets directs de la croissance, et des effets indirects.

    Les 3 effets directs sont assez simples.

    639955716.pngD'abord, la croissance économique des pays émergents génère de l'inflation en augmentant la demande mondiale en matières premières pour les industries (pétrole, acier, étain...), même si cette hausse est en partie compensée par de la productivité.

    Ensuite, la croissance industrielle augmente la pollution (terre, eau, air notamment avec les GES*). L'environnement n'est pas la priorité des pays émergents en pleine croissance, même si celà commence à venir, par exemple en Inde, où les normes environnementales sont drastiques... mais uniquement pour les entreprises étrangères !

    Enfin, la croissance démographique et l'augmentation du niveau de vie augmente la demande en produits agricoles, et donc les prix. Cette inflation "de marché" s'ajoute à l'inflation naturelle engendrée par l'augmentation des prix de l'énergie (les engrais et les transports comptent dans les prix agricoles...).

    Il y a ensuite 2 effets indirects principaux.

    Le premier, c'est celui lié au développement des bio-carburants, l'une des solutions mises en oeuvre pour faire face à la raréfaction du pétrole et la pollution. Il s'agit d'éthanol produit à parti de canne à sucre, maïs, betterave...  Et parfois, ces cultures empiétent sur des surfaces agricoles alimentaires. Celles-ci sont donc réduites d'autant, à moins que, comme au Brésil, on déforeste pour étendre les surfaces agricoles (**). Autre phénomène quand on remplace du blé alimentaire par du maïs pour faire de l'éthanol, cela augmente beaucoup le besoin en eau, une ressource aussi de plus en plus rare et chère... Bref, le développement des bio-carburants aboutit a des effets écologiques inattendus car le marché est allé trop loin : le bio-carburant n'est pas le remplaçant du pétrole, mais l'un des compléments/remplaçants du pétrole.

    Le second effet indirect, accusé par certains d'être la principale cause de l'emballement des prix agricoles sur le marché mondial, c'est le comportement de certains pays exportateurs déjà évoqué dans plusieurs notes de ce blog (Egypte pour le riz par exemple) : craignant une pénurie, il se replient sur eux-même, en diminuant ou même supprimant leurs exportations de certains produits agricoles de base. Ces annonces "nationalistes" ont bien sûr un effet dévastateur sur les marchés : les prix s'envolent, ce qui incite à encore plus de restrictions d'exportations, etc. : c'est un cercle vicieux.

    Au final nous avons d'une part en occident une inflation qui accroit les inégalités car elle touche aux produits de base, et d'autre part dans les pays les plus pauvres, des risques de famines dramatiques, voire d'émeutes, comme à Haïti. Par la voix de son directeur général Dominique Strauss-Kahn, le Fonds monétaire international (FMI) prédit d'ailleurs des "conséquences terribles" à la hausse des prix des denrées.

    Que faire ? On parle d'aide humanitaire et d'aide d'urgence, mais ce ne sont que des palliatifs court-terme, certes sans doute indispensables. Pour traiter le fond des problèmes, une vision systémique complète est indispensable, mais difficile à construire car elle requiert la collaboration de nombreux experts et décideurs de domaines différents. Un "Grenelle mondial développement durable" (économie, social, et environnement) serait sans doute une bonne manière d'avancer, s'il est suivi des actes.

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    En 1973, Richard Fleischer réalisait Soylent Green (Soleil Vert en Français),
    vision d'un monde où les problèmes de nutrition ont été réglés d'une façon...
    ...comment dire... "originale".

                                                                     

    (*) GES : Gaz à Effet de Serre, responsable du réchauffement climatique
    (**) Dans le même ordre d'idée, on pourrait se demander quels effets aurait une généralisation trop rapide du Bio, dont on sait que le rendement est inférieur et qui donc nécessite plus de surface pour une production identique.

  • Toit du Monde / Evénement orange

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    Vous avez remarqué ? Je n'ai pas mis de petit drapeau tibétain sur mon blog. Je ne sais pas si j'en mettrai. Honte à moi. Mais c'est pas très grave, car il flotte déjà un peu partout, comme si tout le monde était devenu soudainement tibétain au passage de la flamme olympique.

    Loin de moi l'idée de critiquer ceux qui l'ont fait, je respecte ce point de vue. Mais pour ma part, même si les moines tibétains sont en orange ce qui pourrait en faire des amis chromatiques, j'ai du mal à m'enflammer aussi vite. Pour 5 raisons :

    1. En premier lieu, un problème de compétences: les tibétains ont réussi un bon lobbying dans certains milieux du show-biz, certains milieux médiatiques et politiques, ils ont ainsi attiré pas mal de sympathies. Mais franchement, moi, je n'y connais rien au dossier : je vois à la télé des moines au crane rasé et en tenue orange, qui semblent être des pacifistes opprimés par les méchants chinois colonisateurs ; j'ai ouï dire qu'il y avait eu des massacres ; j'ai conscience du fait que le Tibet est un pays riche en minerai (notamment en or) et situé en position assez stratégique... Mais à part çà : quelle est la légitimité du gouvernement en exil ? Quelles sont les frontières historiques, la légitimité ou pas des revendications des tibétains, la nature du gouvernement en exil (est-il si irréprochable que çà) ?
    2. En second lieu, un problème de légitimité : la France qui a fait la guerre d'Algérie, les colonies, les relations parfois limite avec certains états Africains peu démocratiques... N'est ce pas un peu indécent de se poser en donneur de leçon ?
    3. Mais aussi un problème de principe : je ne suis pas a priori pour le mélange des genres (des ordres pour reprendre l'un de mes précédents articles): la politique au politique, le sport au sport. Manifester pour perturber le parcours de la flamme c'est finalement nier le rôle des politiques élus. Et si nos politiques sont lâches et font fi de leurs principes vis à vis de la Chine pour pouvoir vendre des Airbus, des centrales nucléaires ou des TGV, il ne faut pas voter pour eux, et surtout aller manifester devant l'Assemblée nationale ou le Quai d'Orsay, pas sur le parcours de la flamme olympique.
    4. Et aussi une soudaineté qui me dérange : il y a dans cet espèce d'engouement "événementiel fulgurant", un côté "mode" qui ne me plaît pas car il ne laisse que peu de temps à la maturation des idées : je crains la manipulation. D'ailleurs vous avez remarqué, on en parle déjà moins.
    5. Et enfin une question d'ordre tactique : la conséquence d'une réaction aujourd'hui pourrait être un durcissement et un contrôle renforcé des médias pendant les Jeux : une action surprise pendant les Jeux n'aurait-elle pas été plus efficace ?

    Une ou 2 de ces 5 raisons toutes seules n'auraient pas suffit, mais ajoutées, cela m'a refroidi. Mais rassurez-vous : sans atteindre les températures extrêmes du sommet de la plus haute montagne du monde, situé à la frontière tibétaine, et dont j'ai trouvé cette belle photo. Faute de drapeau...