Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

véhicule électrique

  • Véhicule électrique, halte aux inepties

    nissan-land-glider-electrique.jpg

    On constate ces dernières semaines une augmentation du nombre d'articles sur le véhicule électrique. Chacun y va de sa réflexion, et je lis fréquemment des arguments même dans les journaux les plus sérieux, qui ne me semblent pas exacts. Ce qui frappe d’ailleurs c’est que beaucoup de critiques n’avancent pas beaucoup de scénarios alternatifs.

    Pour ma part, je crois que le pari technologique mérite d'être tenté, même si comme tout pari il comporte un risque. Mais c'est le risque qui fait avancer, pas le conservatisme.

    Je tente en tout cas dans cet article de donner quelques contre-arguments à 7 idées que j’ai pu lire ici et là sur le sujet.


    Idée n°1 : se poser en "contestataire" du véhicule électrique en disant qu'il ne remplacera pas le véhicule thermique
    Cet écueil est sans aucun doute du à la campagne de communication des constructeurs et leur mise en avant des futurs modèles électriques au Mondial de l'Auto.

     

    1. Mais qui a dit sérieusement ou écrit que l'électrique proposé aujourd'hui remplacera tout le thermique ? Le constructeur le plus optimiste, Renault, table sur 10% de parts de marché pour l'électrique en 2020. Ce qui signifie qu'il compte encore faire 90% de son business avec du thermique et donc qu'il continue à investir en R&D dans les motorisations thermiques. Avec le véhicule électrique, sont visées principalement les flottes type La Poste, et les "deuxièmes voitures" des familles, qui servent aux petits trajets. 
C'est en fonction des progrès de cette technologie, notamment en terme de prix et d'autonomie, qu'un jour peut-être l'électrique sera majoritaire sur le marché. Mais d'autres technologies arriveront peut être avant...
    2. Comme il est clair que le véhicule électrique d’aujourd’hui ne répond pas à la majorité des gens, si chacun juge par rapport à ses propres besoins, le discours majoritaire s’avère plutôt indifférent ou opposé au véhicule électrique… Il ne faut donc pas forger son jugement global uniquement par rapport à sa propre situation. Si on n'a besoin d'une voiture que pour des longs trajets, bien sûr qu'aujourd'hui le véhicule électrique ne répond pas.

    Idée n°2 : d'autres solutions comme la pile à combustible sont plus prometteuses.

    1. La pile à combustible pour prometteuse qu'elle soit (mais l'avis n'est pas partagé par tous en raison des problèmes de production et de stockage de l'hydrogène par exemple) n'est pas encore prête pour l'industrialisation à coût compétitif. Sinon ça se saurait et on en trouverait massivement sur le marché. Donc les deux technologies ne sont pas encore concurrentes.

    Idée n°3 : reprocher à l'électrique son manque d'autonomie

    1. L'électrique a indéniablement un problème de ratio autonomie / poids et autonomie / prix. Les batteries sont trop lourdes et trop chères. Mais ce n’est un problème majeur que si on est tombé dans l'écueil n°1 consistant à vouloir tout remplacer par de l'électrique : pour des 10% des usages (flottes, secondes voitures...), est-ce vraiment rédhibitoire ? 
    2. On lit ainsi des inepties du genre « les clients ne voudraient pas acheter une voiture répondant à 80% de leurs besoins. ». Comme si dans le cas des familles qui ont deux voitures, les deux voitures répondaient chacune à 100% des besoins de la famille ?

    Idée n°4 : reprocher au véhicule électrique le fait de déporter le problème du CO2 vers la production d'électricité

    1. On peut d'abord ce demander s'il est sain de résumer la pollution au seul CO2, l'urgence des mesures pour faire face au réchauffement l'effet du CO2 étant contestée. Les effets sanitaires de la pollution automobile sont plus liés aux particules, à l'ozone, au bruit, et autres polluants de "proximité". Et sur ce point, il est clair que le véhicule électrique apporte un plus.
    2. Cela dit, il est vrai que la voiture électrique repousse le problème énergétique vers celui de la production d'électricité. Mais regrouper deux problèmes (la pollution automobile et la pollution de la production d'énergie électrique) pour n'avoir à en traiter qu'un qu'on doit de toutes façons traiter est une approche stratégiquement pas idiote.

    Idée n°5 : la recharge des batteries contribuera à solliciter des centrales thermiques polluante (celles qui démarrent rapidement) pour faire face aux pics de charges induits

    1. N'oublions pas qu'à horizon 2020, en tablant sur 10% du parc, le besoin s'élèverait à 1% de production électrique en plus en France...
    2. L’effet invoqué est certes un risque, mais pour lequel des solutions existet. L'intelligence qui est imaginée dans les véhicules devrait plutôt contribuer à l'effet positif inverse, c'est à dire lisser la consommation. En effet le problème de l'électricité est qu'elle n'est actuellement quasiment pas stockée. Or les batteries des véhicules seront des stocks d'électricité qui pourront servir d’une part à fournir de l'électricité lors de pics de demande et a contrario absorber des surproductions lors des heures creuses. C'est en tout cas l'idée d'un projet lancé au Japon avec Nissan qui insère le véhicule électrique dans une "smart Grid". Les batteries des voitures pourraient ainsi servir à régler en partie le problème de la gestion des pics de consommation, qui coûte très cher car oblige à surdimensionner les capacités de production par rapport à la consommation moyenne.

    Idée n°6 : la production des batteries nécessite des ressources naturelles comme le lithium dont seuls quelques pays (Bolivie, Afrique du sud...) disposent en masse : on remplace donc une dépendance au pétrole par une autre dépendance.
    C'est vrai mais on peut pondérer :

    1. Le lithium des batteries devrait pouvoir être recyclé.
    2. La technologie des batteries évolue, et si la technologie se développe on peut espérer voir d'autres types de batterie émerger. Il en existe d’ailleurs déjà d’autres, sauf erreur.
    3. Le thermique ne disparaissant pas à court terme, la batterie devient un challenger du pétrole, donc la dépendance envers l'un et l'autre en est réduite, non ? La concurrence n’est elle pas plus saine ?

    Idée n°7 : se poser en contestataire de l’électrique en disant qu’il ne « résoudra pas le problème du CO2 »

    1. Personne de sensé ne dit cela. Tout au plus cela y contribuera un peu, cf arguments sur l'idée n°4.
    2. Mais réduire tout au CO2 est une ineptie d'intégriste du réchauffement climatique. Le véhicule électrique pourrait contribuer à résoudre d’autres problèmes bien plus concrets et bien plus immédiats, comme le bruit, la pollution de l’air en ville - qui n’est pas celle du CO2 mais des particules diesel, du SO2, NOx, etc.
  • Renault et Nissan seuls sur le véhicules électrique de masse ?


    nissan-leaf-1-big.jpgNissan et son partenaire Renault, liés par une Alliance stratégique de plus de 10 ans, jouent gros avec le véhicule électrique.

    L'Alliance des deux constructeurs est la seule a avoir investi pour produire en masse des véhicules électriques, à hauteur de près de 500 000 véhicules par an à terme. Leur partenariat avec le constructeur NEC pour les batteries y est pour quelque chose, ainsi que des investissements dans des usines d'assemblage de batterie maintenus malgré la crise. C'est ainsi qu'en France, Flins accueillera une usine de batteries.

    Mais pour que les gens achètent, il faut des infrastructures, les deux compagnies ont donc également signé de nombreux partenariats avec des villes, des pays (Danemark, Israel) et leur partenaire "Project Better Place" pour l'installation d'infrastructures de recharges ou d'échanges de batterie (quick-drop).  La France est à l'étude par Better Place.

    Renault et Nissan pourraient donc bien prendre une sacré avance sur ce marché, la concurrence (Mitsubishi, Bolloré, Smart...) n'annonçant que des capacités de production confidentielles de l'ordre d'au plus 10 000 véhicules par an maximum chacun... A moins que le nouveau constructeur chinois BYD ne créée la surprise (ce n'est sans doute pas pour rien que les journaux parlent d'un accord entre Daimler et Renault d'une part, et Daimler et BYD d'autre part, d'ailleurs...)

    Nissan sera le premier à dégainer, avec la LEAF (ci-contre) présentée au salon de Genève et pour laquelle le constructeur annonce déjà plus de 56 000 précommandes aux USA, alors que la production 2011 ne dépassera pas 50 000...

    Les premiers véhicules Renault seront des véhicules utilitaires, destinés aux flottes (La Poste, EDF-GFD, Autolib...). Viendra ensuite l'offre aux particuliers, avec un concept innovant de location de la batterie pour pallier au coût rebutant des batteries (entre 7000 et 14000 euros suivant l'autonomie) : les véhicules ne devraient ainsi pas coûter plus chers qu'un véhicule thermique à l'achat, et peut être moins à l'usage (l'énergie étant moins chère, l'entretien moindre, mais il faut ajouter la location de la batterie). Par contre ils pollueront moins à la fois en therme d'émissions de gaz (pas seulement CO2, mais aussi particules, COV,NOx, ...) et en terme de pollution sonore.

    Renault est-il en passe de réussir son pari d'offrir "la mobilité durable pour tous" ?

  • Un rapport enterré qui accable le véhicule électrique ?

    Voiture_electrique_12.cor-c00e5.gifD'après l'hebdo "Le Point" (que j'ai acheté cette semaine car il y a 16 pages sur Boulogne sur lesquelles je reviendrai peut-être), un rapport intitulé "le véhicule grand public d'ici à 2030" de 129 pages, rédigé par Jean Syriota a été remis le 29 septembre à Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la prospective. Ce rapport "accablerait" le véhicule électrique , expliquant qu'il souffre de trop de handicaps pour pouvoir se substituer massivement au moteur thermique (performance, et coût des batteries)

    D'après l'hebdomadaire, ses conclusions pourraient contrarier du monde, à commencer par Renault dont l'Etat détient encore 15% du capital et qui fait du véhicule électrique le coeur de sa stratégie moyen terme, Dassault qui construit ses propres véhicules électriques, et Bolloré qui s'essaie à la production de batteries...

    Si la non publication de ce rapport est sans doute liée, comme le sous-entend l'article, à une complicité entre l'Etat et des industriels, pour autant, je trouve cet article simplificateur : une fois de plus il essaie de faire croire qu'une seule solution résoudra tous les problèmes de la pollution automobile, pour dire que le véhicule électrique n'est pas cette solution unique.

    Or Renault n'envisage pas à ma connaissance de produire des véhicules électriques pour remplacer tous les véhicules à moteur thermique : à horizon 3-5 ans, le constructeur a annoncé que Flins produirait des véhicules électriques, mais pas toutes ces usines... Et tous les experts s'accordent pour dire que le véhicule électrique pèsera peut-être 20% du marché en 2020, pas plus, et peut être dans quelques pays seulement.  Mais c'est déjà énorme. D'ici là, la pile à combustible, autre technologie possible, aura peut-être fait des progrès. Mais bien malin celui qui peut dire quelle sera la voiture de demain. Il faut explorer en parallèle plusieurs pistes et voir celles qui émergeront. Et il faudra aussi probablement réduire notre utilisation de la voiture.

    Donc dire que le véhicule électrique ne sera pas le remplaçant définitif du véhicule à moteur thermique en 2030 ne remet pour moi pas en question une stratégie qui vise à faire progresser et diffuser plus largement les technologies électriques dès 2010-11. Mais ce n'est qu'une étape, et ce n'est qu'une des nombreuses solutions à mettre en oeuvre, en plus des suivantes :

    • des mesures pour réduire la demande en déplacement
      1. d'un urbanisme et aménagement du territoire plus intelligent, avec notamment une plus grande mixité habitat-bureau,
      2. le télétravail, la réduction des déplacements inutiles,
      3. la réduction des flux logistiques de marchandise, notamment par la relocalisation de la production à proximité des clients, la mutualisation des flux (ELU, livraisons à domicile par tournées)
    • des mesures peu chères pour réduire la consommation de pétrole (à privilégier en ce moment...)
      1. la promotion de l'éco-conduite, qui peut permettre de gagner 5-10% de consommation
      2. la fluidification du trafic en ville ("ville 30", comme à Sceaux)
    • le report modal vers les transports en commun (ferroviaire notamment), le vélo, la marche à pied : développement des infrastructures, mais aussi réalisation de PDU (Plan de déplacements urbains) et PDE (plan de déplacement entreprise)
    • des évolutions technologiques
      1. l'allègement des voitures et l'optimisation des moteurs thermiques : en descendant de 140 à 100gCO2/km, on gagne 28% d'émission de CO2, et on pourra probablement faire mieux.
      2. le développement de technologies sans pétrole
        1. le moteur à air comprimé, dont on reparle depuis que l'indien Tata a conclut un accord avec son promoteur, un français superbement ignoré des grands constructeurs français,
        2. le moteur électrique (plutôt pour des petits trajets)
        3. le moteur à pile à combustible,
      3. Etc, etc.

    Bref : que l'Etat fixe des objectifs et oriente les acteurs économiques vers la recherche d'économies de pétrole et la réduction de la pollution : mais qu'il laisse le marché trouver les solutions les meilleures, qui s'imposeront d'elles-mêmes si les objectifs et les règles du jeu sont clairement fixés. Et ces solutions ne seront pas forcément les mêmes suivant les pays & les types de déplacement...

    (Photo : le premier "véhicule de tourisme" : un véhicule électrique !)

  • EDF s'allie aux constructeurs automobiles français

    La sphère économique continue à s'effondrer. L'immobilier commence à sérieusement baisser, mettant de nombreux particuliers ayant souscrit des prêts relais en difficulté. Les actions de nombreux groupes industriels s'effondrent à raison de 10% par jour, ouvrant peut être des opportunités de rachats par les groupes (peu nombreux) qui en ont les moyens.

    renault-edf.pngAu milieu de ce chaos, l'industrie tente de continuer à préparer l'avenir. C'est ainsi que PSA et Renault ont tous deux annoncé un partenariat avec EDF, avec des objectifs pourtant légèrement différents :

    • côté PSA "favoriser le développement des véhicules électriques et hybrides rechargeables"
    • côté Renault "créer un système de transport individuel à zéro émission sur une grande échelle". Renault a d'ailleurs annoncé récemment que le site de Flins (région parisienne) construirait d'ici 2011/2012 un véhicule électrique, tandis que le site de Sandouville qui fait l'actualité sociale s'est vu affecté un véhicule utilitaire pour 2012, ce qui garantit sa pérennité, d'autant plus que la marché du véhicule utilitaire est moins cyclique que la marché du véhicule particulier.

    Cependant à lire de nombreux articles sur la situation économique, je suis surpris d'une chose : pourquoi toue le monde critique les décisions des uns et des autres, mais personne n'envisage un espèce de sursaut national, consistant à privilégier l'achat de produits "made in France" ?