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liberté d'entreprendre

  • Pour un humanisme démocrate

    Le Modem est en difficulté, manque de lisibilité : quelles sont ses valeurs, en quoi diffèrent-elles de celles de l'UMP ou de la gauche ?

    Le texte-ci après, que j'essaye d'améliorer régulièrement en fonction des commentaires ou discussions que je peux avoir, essaye de définir en quelques lignes ce que pourrait être un humanisme démocratique, et en quoi il diffère des valeurs et priorités des autres partis.

    Un idéal : l'humanisme, ou la fraternité au service d'un progrès humain durable

    Si Liberté et Egalité font partie du socle de notre République et qu’il faut rester vigilant et continuer à les défendre, la Fraternité est celle qui a le plus besoin d’être réhabilitée dans la cadre d'un projet humaniste. Elle se définit par les sentiments de solidarité et d'amitié qui devraient unir les membres de la même famille que représente l'Espèce Humaine. Elle implique la tolérance, le respect mutuel des différences et la réduction des inégalités, contribuant ainsi à la paix.

    En mettant la fraternité au coeur de son projet l'humanisme diffère donc du socialisme qui met l'égalité en priorité, et du libéralisme qui met la liberté individuelle en priorité.

    552838994.jpgContrairement à la Liberté et l’Egalité qui relèvent essentiellement du domaine du droit, la fraternité est plutôt d’ordre moral, et sa réhabilitation impose de changer le paradigme de notre société, jusque dans la base de son système éducatif. Il s’agit de passer d’un modèle de réussite individuelle basé sur la compétition, la concurrence, le dépassement de l’autre, et où la solidarité est vécue parfois comme une contrainte, à un modèle de réussite fondé sur le dépassement de soi par la coopération et l’enrichissement mutuel, au service du progrès humain.

    Mais quel progrès humain ? Le PIB ? Travailler plus pour gagner plus ? Non, l’argent n’est pas un but, c’est un moyen. Ce projet de société promeut et défend, au-delà des biens matériels nécessaires (à commencer par la santé, se nourrir, se loger), les biens supérieurs et immatériels que sont l’Education, la Culture, la Science, mais aussi les Savoir-Faire, ainsi que les valeurs morales et philosophiques comme la fraternité évoquée plus haut.

    Pour être durable, ce progrès ne peut se faire au détriment de la planète ou des générations futures. Il implique donc de maîtriser la dette qui pèsera sur les générations futures, et de prendre en compte la finitude de toutes les ressources naturelles de notre Planète.

    Il faut donc revoir complètement le paradigme de notre modèle de croissance, et passer d’une croissance de revenus économiques (PIB) à une croissance d’un patrimoine de l'humanité. Outre les productions matérielles, ce patrimoine doit intégrer, les productions de biens supérieurs immatériels, et les ressources naturelles. Il doit aussi intégrer, "au passif", la dette financière envers les générations futures.

    L'humanisme, centré sur le progrès humain, diffère du conservatisme qui ne veut rien faire évoluer, mais aussi du capitalisme matérialiste qui ne voit progrès que matériel ou financier. Il diffère aussi d'une certaine écologie «conservatrice» qui veut «préserver la nature». Pour l'humanisme, il faut préserver l'Espèce humaine avant toute autre, et donc «maîtriser» plutôt que «préserver» la Nature.

    Pas d'idéologies définitives, mais des processus démocratiques

    Pour que ce progrès ne soit pas seulement celui de quelques uns, il faut une organisation politique qui porte au plus haut la conscience et la responsabiité de chaque citoyen : c'est la démocratie. Mais pour qu’elle soit vraiment garante de l’intérêt général, l’Etat doit y garantir deux choses.

    La première, c'est un débat permanent de qualité et non biaisé : débat citoyen, en donnant l’accès pour tous à l’information et à la vérité, grâce au débat pluraliste dans des médias libres et indépendants mais grâce aussi à des efforts permanents de transparence dans les procédures et les décisions des institutions; mais aussi débat parlementaire, où le droit d'expression de toute minorité représentative doit être protégé, afin d’exclure la dictature de la majorité.

    La seconde, c’est une séparation des pouvoirs au sens large, qui garantit que les décisions ne sont pas prises dans l'intérêt de tel ou tel lobby ou intérêt particulier : le pouvoir politique doit rester indépendant et neutre vis à vis des religions (laïcité) ; le pouvoir politique doit être aussi séparé du pouvoir économique ; enfin, pouvoirs législatif et judiciaire doivent être à l’abri de l’influence de l’exécutif.

    L’impartialité de l’Etat pour garantir ces principes est la mesure même de la qualité de la démocratie qu’il incarne et protège. Pour garantir l'intérêt général, la posture démocrate donne ainsi la priorité à la qualité du processus d'élaboration des décisions, en s'assurant qu'elles sont comprises et acceptées par la majorité, point essentiel pour qu'une mise en oeuvre efficace suive.

    Par cette priorité faite au processus démocratique, la posture démocrate est plus ouverte, et diffère ainsi des partis classiques qui proposent des solutions idéologiques globales «toutes faites»,  pensées en chambre, bien ancrées et inébranlables comme "la TVA c'est injuste", "moins d'impôts pour les très riches permet de relancer l'économie", etc.

    Ces principes démocratiques garants de l'intérêt général ne serviraient cependant à rien sans un moteur pour avancer. Ce moteur ne vient pas d'un seul homme, ou de l'Etat : c’est la dynamique de la liberté d’entreprendre. Son développement exige la liberté et la responsabilité des acteurs économiques, mais aussi des acteurs sociaux, civiques et associatifs. Il s'agit de promouvoir les initiatives, la recherche, la créativité, l’innovation, dans le monde de l’entreprise mais aussi dans les secteurs non marchands : associations, créations artistiques ou intellectuelles, éducation, bénévolat…

    Pour trouver des solutions adaptées à tous les cas et aux différentes particularités, il est également essentiel d'appliquer le principe de subsidiarité, selon lequel une responsabilité doit être prise par le plus petit niveau compétent et efficace pour résoudre le problème. Ainsi le politique n’a pas besoin de se substituer à la société civile si celle-ci est efficace. De même au sein du système politique, les décisions doivent être déléguées à la collectivité la plus efficace (région, ville ou autre). Ce principe atteste l'antériorité de la personne et des groupes par rapport aux Institutions. Il est donc d'abord un principe de confiance faite aux hommes et aux femmes, et il se base sur le pari humaniste de la responsabilité de chacun.

    Cette méthode diffère des pratiques qui mettent l’Etat, un seul homme ou encore une supposée «élite»  au centre de toutes les initiatives et décisions. Ces solutions  produisent des solutions inadaptées aux spécificités, mal appliquées car mal comprises, et ont tendance à générer des comportements d'assistés, de courtisans, ou de rebelles, au choix.  Mieux vaut un train complet qui avance lentement qu'une locomotive qui avance toute seule, et mieux encore, un train composés exclusivement de locomotives.

    L'Europe pour montrer la voie

    L'Europe se fonde sur un passé commun où les cultures gréco-romaine et judéo-chrétienne, enrichies par d’autres mouvements de la pensée, particulièrement les Lumières, ont créé une richesse de civilisation dont bénéficie la Planète entière. Ce patrimoine commun doit être préservé et développé pour construire un ensemble puissant, innovant et généreux qui participe à l’amélioration de la vie de ses citoyens en étant actif dans l’organisation planétaire. L’Europe est bien placée pour devenir le modèle exemplaire d’une société humaniste. La construction de l’Europe des peuples et des citoyens est donc non seulement une nécessité mais un devoir.

    L'humanisme démocrate s'oppose donc aux euro-sceptiques, mais aussi à ceux qui ne voient en l'Europe qu'un marché économique.