Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Gouvernance

  • Réforme territoriale : les propos tendancieux de Mediapart

    Je ne suis pas abonné à Médiapart, mais récemment je me suis fait offrir un article par une relation.

    Cet article, d'un certain Yannick Sanchez, titre : "La réforme territoriale dresse une France des Régions plus inégalitaires".

    Et sous-titre : "Mediapart fait le point sur plusieurs indicateurs tels que le chômage, le PIB ou encore la structure de la démographie, qui montrent que l'impact de la réforme territoriale sera de concentrer davantage les richesses dans quelques Régions au détriment d'autres, isolées"

    Je m'attend donc à trouver des explications dans le texte, des chiffres comparant "AVANT" et "APRES" la réforme : que nenni. L'auteur se contente d'affirmer des conclusions comme "plusieurs indicateurs montrent que l'un des impacts de la réforme territoriale sera le creusement des inégalités entre les Régions", mais malheureusement les chiffres, courbes et histogrammes que l'auteur nous assène ne comportent que des données sur la situation "après la réforme"... Louche : y-aurait-il, au pire tentative de manipulation, au mieux incompétence ?

    Résolu à tirer cela au clair, je décide de creuser par moi-même sur 3 données :

    1. le PIB,
    2. la population,
    3. le PIB/habitant (ratio des 2 précédents),

    en comparant la situation actuelle à celle "après réforme".

    Mais d'abord, un peu de méthode :

    1) Comment comparer les inégalités de PIB 

    Pour mesurer les inégalités entre régions (par exempte sur leur PIB), il faut pouvoir comparer la dispersion au sein de 2 série de données (les PIB dans les régions AVANT et APRES la réforme). On peut utiliser ce qu'on appelle le "coefficient de variation", qui est le rapport entre l'écart-type et la moyenne. Plus d'explications ici sur wikipedia.

    Par exemple :

    • Si j'ai 4 régions  de PIB 1, 2, 3, et 4 le coefficient de variation vaut 0,51.
    • si je regroupe les 2 premières (les plus faibles) et les 2 dernières (les plus élevées), j'obtiens 2 régions de PIB 3 et 7, le coefficient de variation passe à 0,56, il augmente.
    • Si par contre je regroupe 1 et 4 d'une part et 2 et 3 d'autre part, j'obtiens 2 régions de PIB identiques =5 , avec donc un coefficient de variation de 0.

    L'avantage aussi est que ce coefficient est le même pour une série comme "1, 2, 3 4" ou "2, 4, 6, 8" : il est indépendant de la moyenne, il ne mesure qu'une dispersion relative... ce qui dans notre cas est particulièrement nécessaire car les nouvelles régions sont "plus grosses" que les actuelles.

    2) Quel périmètre considérer ?

    Il convient aussi de préciser le périmètre à prendre en compte pour calculer le coefficient de variation : faut-il inclure les DOMTOM et la Corse ? L'Ile de France ? La réforme ne touche ni à la Corse, ni aux DOM TOM, ni à l'Ile de France. J'ai donc pris le parti de faire le calcul de dispersion sur 3 périmètres : 

    • France (donc y compris DOM-TOM et Corse)
    • France métropolitaine (hors Corse et DOM-TOM)
    • France métropolitaine hors Ile de France, qui est une région particulière car très au dessus des autres en terme de PIB, et non modifiée par la réforme.

    3) Quelles données sources

    Ma source pour avoir les PIB des régions actuelles sera wikipedia, données 2012 (je n'ai pas mieux) : ici 

    4) Quels résultats ?

    Voici les résultats (cliquer pour agrandir): 

    Synthèse regions.png

    Et ici avec le détail des hypothèses de données utilisées en terme de regroupements de régions (cliquer pour agrandir).

     

    Reforme regionale.png

    Que voit-on ?

    • que le coefficient de variation du PIB des régions baisse (entre 20 et 38%  suivant périmètre) : les nouvelles régions sont donc plus homogènes "en PIB" que les actuelles : les inégalités entre régions baissent avec la réforme.
    • que sur le périmètre modifié (métropole hors IDF), les nouvelles régions sont plus homogènes en PIB par habitant puisque le coefficient de variation passe de 0,08 à 0,06.
    • qu'en terme de population, les nouvelles régions sont aussi plus homogènes.

    On est donc loin des propos de Monsieur Sanchez de MEDIAPART.

    5) Quelles conclusions ?

    Je vous laisse conclure par vous-même sur le sérieux des propos de M. Sanchez de Mediapart et de son article prétendument "factuel", montrant force courbes et graphes. 

  • Résultats du premier tour des élections régionales dans le 92

    L'analyse détaillée des résultats du premier tour des élections régionales dans le 92, par commune, est intéressante à plus d'un titre :

    Pour le Modem, les communes ayant eu le meilleur score sont :

    1. Sceaux (7,85%)

    2. Fontenay (5,09%)

    3. Puteaux (5,04%)

    4. Nanterre (5,02%)

    Sceaux est la ville de Chantal Brault, tête du liste du 92, Nanterre celle de Pierre Creuzet, n°2. Puteaux celle de Christophe Grébert. Trois figures du Modem, qui ont fait les scores parmi les moins mauvais, même si le résultat de Pierre Creuzet est loin d'être à la hauteur de celui de Chantal Brault, mais meilleur que celui d'Alain Dolium lui-même dans sa commune de Charenton-le-Pont (4,8%).

    Celles ayant eu les plus mauvais scores pour le Modem sont :

    32. Sèvres (3,63%)

    33. Boulogne-Billancourt (3,40%)

    34. Vaucresson (3,27%)

    35. Neuilly (2,75%)

    36. Gennevillier (1,87%)

    Boulogne a brillé par son score faible, le 4ème plus mauvais du département, devant Vaucresson, Neuilly et Gennevillier, et juste derrière son voisin Sèvres.

    Je ne connais pas la situation de toutes les sections, et il est toujours facile de critiquer de l'extérieur, certes, mais :

    • A Neuilly (2è plus mauvais score), la section a collectivement démissionné au milieu de la campagne, qui n'a donc pas du être très intense dans la ville. Ceci explique probablement le mauvaise score, les ex-militants eux-même ayant peut être voté pour une autre liste...
    • A Boulogne, la guerre ouverte au sein de la présidence collégiale entre 4 vice présidents majoritaires et un minoritaire (Sylvain Canet) a fait fuir de nombreux militants (dont votre serviteur), et la section n'a pas été très active (voire timorée) depuis sa création, pas plus qu'elle ne l'a été lors de la campagne régionale. En outre, la présidence de section n'a pas beaucoup appuyé la candidature de son vice-président Sylvain Canet, seul représentant de Boulogne (8è sur la liste 92). Tout ceci qui explique peut-être la faiblesse du résultat.

      Les 5 cadres de la section boulonnaise vont sûrement bien méditer ce résultat, et je l'espère, réaliser que ce n'est pas telle ou telle tête de liste qui peut mieux faire, mais surtout une certaine union et un certain enthousiasme dans l'action qui permettent d'attirer les adhérents et militants, relais indispensables lors d'une campagne. Reste à espérer qu'ils tireront tous les leçons de ce résultat pour s'améliorer par la suite. Et qu'ils se montreront un peu plus digne que le Siège, qui pour l'instant se contente de faire de Corinne Lepage un bouc-émissaire, en évitant soigneusement les remises en cause personnelles ou de fond.

      Une réunion de section est en tout cas prévue la semaine prochaine. C'est probablement un peu tôt, car les esprits seront encore "chauds", et je doute qu'il en sorte grand chose de positif, comme par exemple une "paix des braves"...

    A suivre...

  • Le Grand Paris

    Nombreuses sont les critiques du projet Grand Paris initié par Nicolas Sarkozy. Mais rendons-lui au moins cet hommage : il a mis le sujet sur la table : grâce à la démarche Grand Paris, un débat naît autour de ce que devrait être une future grande agglomération.

    La vision de Nicolas Sarkozy et Christian Blanc est une vision élitiste : créer ou développer des pôles d'excellence, de façon à rendre Paris plus polycentrique. Et pour cela, s'appuyer sur un grand métro en huit circulant autour de Paris, et sur les pôles existants (la Défense, Marne La Vallée, Saclay...) en les renforçant.

    Une vision élitiste n'est pas forcément mauvaise, si le reste suit :

    • Un des risques majeurs du projet est en effet que ces pôles d'excellence ne deviennent que des zones d'emploi sans âme, et ne deviennent pas des pôles d'habitat mixte : peut-on construire des villes autour de rien, sans coeur historique ? L'expérience des "villes nouvelles" n'a pas été très concluante...
    • De plus la spécialisation probable de ces pôles fera qu'au sein d'une famille, le mari et la femme ne travailleront pas forcément dans le même pôle : même si le futur métro les reliera entre eux, il ne pourra peut être pas absorber tout ce trafic et cela générera en tout état de cause des déplacement source de perte de temps. Une étude a d'ailleurs montré que l'efficacité optimale d'une ville se situe autour de 500 000 habitants : au delà, la question des transports fait perdre trop de temps. La question de la "spécialisation" des pôles est donc une vraie question, et je militerais plutôt pour une mixité, d'autant que les nouvelles technologies permettent aujourd'hui aux entreprises de communiquer à distance (e-conférence, audio-conférences, vidéo-conférences) plus facilement que les employés.
    • Mais au delà de cette spécialisation des pôles, leur localisation pose question : Le "Grand Paris" ne va-t-il pas nuire aux villes proches comme Chartres, Rouen, Orléans ? Pourquoi cette vision "Grand Paris" est elle autocentrée sur elle-même ? Quelle vision du Grand Paris par rapport à la Province ? Pourquoi ne pas décentraliser vraiment ? Ce "Grand Paris" ne risque-t-il pas de laisser de côté les villes de province, en monopolisant une grande part du budget de l'Etat déjà endetté, puis en attirant encore plus d'habitants ? Quelle est la vision du "Grand Paris" par rapport à ses voisins ? A cet égard, l'un des projet de l'exposition du Trocadéro parle d'un Grand Paris le long de la Seine en direction de Rouen : une piste qui n'est pas nouvelle, mais intéressante néanmoins.

    En tout cas, sur le fond, le débat est passionnant et complexe, et il ne concerne pas que les Franciliens : les "provinciaux" aussi doivent s'y intéresser !

    Politiquement et sur la méthode, il l'est tout autant : comme il sera vraisemblablement impossible de mettre d'accord toutes les collectivités, communautées d'agglomération, départements, et la région, pour gagner du temps il est proposé de créer une structure ad-hoc en charge du projet. Un fonctionnement démocratique ou "proportionnel" favoriserait en effet les zones déjà fortes et très peuplées, ce qui est le contraire de l'objectif visant à rééquilibrer l'Ile de France. C'est d'ailleurs déjà le problème de la Région, qui favorise beaucoup les zones denses pleine d'électeurs au détriment des zones rurales. Autant le dire, donc, je ne suis pas contre, je proposais même cela il y a plus d'un an déjà. Mais la question du fonctionnement de cette structure est complexe, et là aussi il va falloir être vigilant.