Le score du Modem aux régionales est une véritable claque. Seul Jean Lassale fait plus de 10% et seules 3 régions font plus de 5% (Centre, Bretagne, Basse-Normandie) d'après la carte du Monde.fr
En Ile de France, les "déçus" qui sont partis en claquant la porte plus ou moins bruyamment, et plus ou moins pour de bonnes raisons, ont sans doute bien oeuvré pour ce faible score en faisant pousser la zizanie déjà semée par une stratégie discutable du Siège du parti. Les médias friands de ces petites querelles, s'en sont donnés à coeur joie, contribuant à la "dynamique de la défaite".
Les scores du Modem aux élections qui se sont succédées depuis sa création ne sont pas très encourageants, c'est un euphémisme :
- Présidentielles 2007 : u0 = 18,57%
- Européennes 2009 : u1 = 8,46% soit en gros 50% du score précédent
- Régionales 2010 : u2 = 4% soit en gros 50% du score précédent.
Ca fait presque une petite suite géométrique de "raison r = 0,5", et si on extrapole, ça fait pour les Présidentielles 2012 : u3 = 2%.
Or j'ai rejoint le Modem parce que c'était un parti qui avait prétention à gouverner, pas à faire 2%.
D'aucuns mettent en cause l'échec de telle ou telle stratégie de "risette avec la gauche". Peut être. Je pense avant tout qu'il y avait 52% des électeurs à convaincre de venir voter, et que le Modem n'a pas réussi, alors que c'était lui qui en avait le plus besoin.
Mais pour faire venir les gens, il faut susciter l'enthousiasme, ce qui n'a pas pu être le cas à cause des querelles internes qui ont fait parler d'elles beaucoup plus que le programme. Ceux qui sont partis avec grand fracas du Modem, avec force communiqués de presse et lettres ouvertes, ont réussi. La seconde lame des blogs style "chevalier orange" a aussi oeuvré pour ce taux d'abstention en véhiculant une idéologie populiste du genre "tous pourris, surtout au Modem" : pas directement, car l'audience de tels blog ne doit pas dépasser les quelques milliers. mais indirectement, en créant un climat.
En y repensant, depuis que j'ai adhéré au Modem, je n'ai vu que des conflits ouverts à tous les niveaux :
- Départemental, entre Antoine Dupin et Pierre Creuzet. Depuis que le premier dirige le département, il ne s'est pas passé grand chose, mais j'entend dire que c'est à cause de Pierre Creuzet, pourtant largement minoritaire. Des choses m'échappent,
- Puis local, entre la présidence de section majoritaire, élue suite au non respect d'une promesse de campagne par un candidat, et Sylvain Canet, candidat ayant pourtant obtenu le plus de voix. Ce conflit se retrouve encore aujourd'hui jusque dans le fait que le nom de ce dernier, pourtant seul Boulonnais sur la liste Ile de France, n'est jamais mentionné sur le site de la section, et que certaines photos de campagne sont tronquées pour qu'il n'apparaisse pas. Des trahisons diverses et des gamineries qui m'ont conduit à prendre mes distances avec le local pour me consacrer aux commissions nationales.
- Las, au niveau National, le conflit larvé entre Corinne Lepage et François Bayrou/Marielle de Sarnez se termine par la démission de la première du poste de responsable des commissions à la veille du congrès d'Arras sensé élaborer le "projet démocrate". Notez que je ne me considère pas comme suffisamment bien informé pour savoir à qui la faute : mais en tout cas, énorme gâchis au final.
- Ceci se termine avec les Régionales, une incompréhension du dialogue à gauche initié en août 2009 par Marielle de Sarnez qui heurte les anciens UDF notamment, le parachutage d'Alain Dolium mal digéré par les sortants, une situation identique dans d'autres régions, où certains démissionnent avec grand fracas usant de leur pouvoir de nuisance (hauts-de-seine par exemple), pour, à n'en pas douter, augmenter le taux d'abstention, voire les scores des concurrents. Là encore, je ne suis pas assez informé pour savoir qui des démissionnaires ou de ceux qui ont "provoqué" ces démissions sont coupables. Probablement un peu les deux ? L'inaction de certains pendant leur mandat (dans le 92, qui a entendu parlé d'un positionnement officiel du bureau du Modem ?) n'a pas joué en leur faveur. La direction du siège, un peu autocrate, a du aussi en agacer plus d'un.
Les conflits internes, bien sûr, sont le lot des partis et des jeux d'appareil. Il n'est pas facile de rassembler des âmes de mercenaires opportunistes, dont le Modem est rempli à ras bord (tous ceux qui se sont dit : "tiens un parti nouveau, y a peut être des places à prendre").
Mais comment peut-on prétendre rassembler et diriger un pays quand on n'est pas foutu de se mettre dans une salle pour discuter stratégie, mettre de côté ses conflits internes et mobiliser tous les adhérents au moins pendant une campagne ? Un parti qui se veut rassembleur pour être crédible doit déjà rassembler les siens.
Pour terminer sur une note optimiste, j'espère finalement que les deux échecs des européennes puis des régionales n'étaient qu'un mal nécessaire :
- Aux européennes, les "primo-adhérents" s'étaient plaint de ne pas être assez représentés sur les listes
- Aux régionales, ils l'ont été, parfois au détriment des "anciens"
Les deux se sont rétamés, en divisant le score précédent par deux. Chaque catégorie va-t-elle enfin apprendre à travailler avec l'autre et se rendre compte que ce n'est que rassemblé que le Modem peut gagner ?